Lorsque j'étais au lycée, il y avait les grands courants musicaux dominants et quelques sous-courants dans des styles moins mainstream.
A l'époque, Depeche Mode était un groupe qui avait sorti Master & Servant peu de temps auparavant, single qui n'avait même pas atteint les sommets du Top 50, et U2 un groupe obscure encore peu connu malgré "Sunday Bloody Sunday" qui passait sur "les radios libres", terme qu'on comprend tellement bien aujourd'hui à l'aune de ce qu'on entend sur la bande FM.
Généralement, en soirée, on entendait à la radio des émissions plus rock qui permettaient de découvrir des groupes français "différents", Fixed Up, les Dogs, Little Bob Story, Mister Moonlight, les Béruriers Noirs, les Garçons Bouchers, BB Doc, Kid Pharaoh, Parabellum, les Porte-Mentaux, les Endimanchés, Ludwig Von 88 ou les Washington Dead Cats.
Ces derniers, même s'ils étaient issus de la même scène rock et punk et partageaient souvent les mêmes affiches que les autres groupes dans des salles des fêtes un peu partout en France, étaient souvent comparés aux Stray Cats. Il y avait eu le revival rockabilly au tout début des années 80 qui avaient, des deux côtés de la Manche donné naissance à quelques ersatz d'Elvis de variétoche : Les Forbans ou Billy en France, Shakin' Steven en Angleterre. Mais il y a eu aussi la scène psychobilly et punkabilly, plus fun, plus énergique, plus folle - et aussi beaucoup moins engagée politiquement - avec des groupes comme King Kurt. Lorsqu'ils envoyaient des poireaux dans le public en réaction aux concert des Virgin Prunes qui lançaient des morceaux de viande crue et saignante sur les spectateurs, quel message y voir sinon celui de se marrer ?
Le nouvel album des Wash, Primitive Girls Are More Fun !, conserve le même esprit 30 ans après leurs débuts. Sur la pochette, des pinups habillées de vêtements de peau et de bijoux en os dansent au rythme de la musique de squelettes de petits coyotes.
On retrouve du rockabilly, des balades rock, du bon gros punkabilly. Mat Firehair continue à rugir, les cuivres sonnent, les guitares et la batterie envoient le bois. Même si la scène punkabilly a quasiment disparu, hormis dans quelques bars de la banlieue est parisienne, les Washington Dead Cats pourraient nous redonner la foi dans le cuir noir, le pento et les guitares qui miaulent.
Les chats ont neuf vies, les chats morts de Washington ont ressuscité une nouvelle fois à la fin de l'année dernière. |