The Soul of a man…
Combien de disques font cet effet ? Cette évidente immédiateté, ce frisson qui vous parcourt l’échine, ces paroles qui résonnent en vous, faisant écho à votre propre vie, ce sentiment que ce disque va vous accompagner longtemps ? Une poignée par an. C’est peu mais c’est déjà beaucoup tellement ses disques peuvent devenir des gouffres émotionnels. Les disques de Michel Cloup ont la constance d’en faire partie, que cela soit avec Diabologum, Expérience ou dans cette formation en duo.
Minuit dans tes bras succède à un premier album avec le batteur Patrice Cartier, Notre Silence, à deux années de tournée et deux singles sortis à la suite en 2013, J’Ai Peur de Nous et Nous Vieillirons Ensemble qui dévoileront une partie du nouvel album. Si Notre Silence était un disque de l’intime, voire de l’introspection, Minuit dans tes bras est plus abrasif. Complémentaire l’un de l’autre, il est maintenant question de la crudité de l’amour, de doutes, de blessures. Utiliser le "je" pour parler de "nous" avec un sens de l’authenticité, de la vérité, entre moments durs et certains plus faciles.
Musicalement, Michel Cloup évite le superflu, en reste à une sorte d’essentiel, presque blues ou folk, voix-guitare-batterie. Pas d’effusions, pas d’emphase. Juste la rencontre entre une poésie brute, incisive, sans concession, et une musique électrique rappelant aussi bien Slint, Codeine, Six Organs Of Admittance, Sonic Youth que le post-rock en provenance de Chicago. Le jeu de Patrice Cartier, dans sa puissance comme dans sa souplesse, est comme des coups de poings, un combat. Michel Cloup utilise à merveille l’éventail des possibles sonores de sa guitare bariton, entre graves puissants et lourds, stridences, silences, riffs, longs solos et distorsions.
Si l’on peut parler d’un format plus pop que sur le disque précédent, la musique reste exigeante. Un dialogue se noue entre les deux musiciens au service d’une mélodie commune. Le climax du disque est sûrement le titre "Minuit dans tes bras #2". Long titre chargé en affect et en électricité, à la tension palpable, où l'apaisement intervient grâce à la voix de Françoise Lebrun, la Veronika de La Maman et la Putain d’Eustache. Ce titre représente à merveille le disque dans son entier : à la tempête et aux doutes succèdent la lumière et l’apaisement. Ce disque se fait l'écho de nos vies. Reste à nous de juger l’image que nous renvoie ce miroir. |