Texte de Valérie Peronnet dit par Françoise Cadol dans une mise en scène de Christophe Luthringer.
"Jeanne et Marguerite" : deux femmes, deux histoires en résonance sur la thématique romanesque et tragique de l'amour à l'aube de deux siècles différents, celle de Guita, l'arrière grand-mère Marguerite, telle qu'elle nourrit l'histoire familiale à travers les souvenirs et des lettres intimes, et, un siècle après, celle contemporaine de Jeanne, sa descendante.
Porté à la scène, le roman éponyme de Valérie Peronnet se décline sous la forme d'une partition à deux voix pour une comédienne qui ne s'enlise pas dans le psychologisme mais privilégie le registre du sentiment(al) propre à évoquer les états de la femme amoureuse.
La staticité didactique des récits délivrés de manière chronologique selon le principe de stricte alternance est compensé par de petites trouvailles scénographiques de Christophe Luthringer qui en assure la mise en scène et surtout par la prestation de Françoise Cadol.
Comédienne et auteure dramatique, Françoise Cadol aime les histoires de femmes et de sororité - elle a récemment campé l'une des trois "vieilles" burlesques de "Lomania" écrit par Charlotte Escamez - la résurgence des voix du passé - qui sont au coeur de son opus "L'Hôtel des Roches Noires" - et les partitions qui naviguent sur la palette des émotions.
Par son jeu sensible et incarné, et surtout son don d'ubiquité dramatique, elle réussit, après une brève variation de lumière concocté par Thierry Alexandre qui signe un judicieux habillage lumineux, à changer quasi instantanément de registre.
Ainsi elle passe de la candeur joyeuse et du bonheur de vivre d'une jeune fille de bonne famille de la Belle Epoque, femme d'un seul amour qui se concrétise après de longues fiançailles, et une charmante correspondance épistolière, de celles conservées enrubannées au fond d'un grenier, au désenchantement de la femme contemporaine surfant sur les sites de rencontre qui multiplie les amants de passage et confrontée à la virtualité et à la volatilité des messages dématérialisés.
Et l'amour qui ne rime pas avec toujours ce qui n'empêche ni de s'y brûler le coeur ni d'en chérir la mémoire tout en constituant une inépuisable veine romanesque. |