Too True annonce l’album, comme s’il était déjà près à enfiler le chapeau du dernier de la classe, certain que sa simple recette ne trouvera d’écho dans aucune oreille.
Pourtant, il suffira d’une seule écoute au titre "Lost Boys and Girls Club" pour se retrouver sur la même route, menant à la lente complainte si familière de Dee Dee. Ici soulignée, par une alchimie de guitares stridentes et de batteries invasives, le nouvel opus sera à la fois électrifiant et courageusement perfusé par de violentes doses de romance.
Un peu shoegaze sur les bords, l’instrumentalisation se veut aussi spacieuse que possible, la voix de la chanteuse assénant ses vérités comme le font les amoureux se confiant des secrets, au coin de l’oreille. Vous l’aurez donc compris, l’album s’offre le luxe d’une panoplie de sentiments et d’éléments, propices à former un tissu épais sur lequel se superpose un songwritting d’écorchée-vive.
"Too True To Be Good" et pourtant on est largement porté à croire en la réalité de cet album, produit et livré avec une raisonnable collection de perles. Tantôt dynamique, à la manière de "Rimbaud Eyes", tantôt déchirant d’humanité et de lyrisme quand Dee Dee chante "Trouble Is My Name". Le tout, exécuté avec la classe et la magnificence qui avait déjà bouleversée des milliers d’oreilles avec le titre "Coming Down" sur l’album de 2012, Only In Dreams.
Too True intervient d’ailleurs, comme un digne successeur à Only In Dreams, réaffirmant au passage et avec panache, sa situation à la croisée des genres entre indie rock et shoegaze. Entre romance et violence, quelque chose de terriblement vrai et humain. Too True.
Trop vrai, c’est aussi l’impression que l’on a après l’écoute de cet album qui, loin d’être décevant, marquera le groupe emmené par Dee Dee, comme prisonnier de sa propre image et presque incapable de se réinventer. Fort heureusement, cette impression ne prendra racine que de façon fugace, fondant comme neige au soleil, face à l’ardente présence de la chanteuse qui irradie de l’album. |