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Théâtre National de Chaillot  (Paris)  février 2014

Spectacle conçu et mis en scène par Krzysztof Warlikowski, avec Claude Bardouil, Stanislawa Celinska, Andrzej Chyra, Magdalena Cielecka, Ewa Dalkowska, Bartosz Gelner, Malgorzata Hajewska-Krzysztofik, Wojciech Kalarus, Redbad Klijnstra, Zygmunt Malanowicz, Maja Ostaszewska, Piotr Polak, Jacek Poniedzialek, Magdalena Poplawska, Maciej Stuhr et les musiciens Paweł Bomert, Piotr Maślanka, Paweł Stankiewicz et Fabian Włodarek.

Avec "Kabaret warszawski", spectacle inauguratif de son théâtre, le Nowy Teatr sis à Varsovie, Krzysztof Warlikowski signe un nouveau manifeste pour la liberté du corps, et donc de l'esprit, dans lequel il continue de brasser ses thématiques obsessionnelles et récurrentes.

Un manifeste plus que jamais roboratif à une époque qui connaît la résurgence terrifiante des conservatismes les plus fascisants avec l'intégrisme religieux, l'antisémitisme, l'homophobie, le nationalisme et l'intolérance qui se traduit par l'exclusion identitaire, raciale, religieuse ou sexuelle, au nom de la morale, de la vertu et/ou d'un état du droit qui serait intangible.

Avec la collaboration de Piotr Gruszczyniski et Szczepan Orłowski pour la dramaturgie, il a conçu ce "cabaret" à entendre pour sa structure mosaïcienne, qui correspond au genre littéraire des miscellanées et également aux codes du théâtre post-dramatique, en forme de diptyque d'une durée de plus de quatre heures dans lequel il n'hésite pas à établir un parallèle entre le monde contemporain et le pré-nazisme des années 1930 à travers l'atmosphère d'un cabaret berlinois des années 1930 vs celui d'un club underground newyorkais des années 2000.

Procédant par collage, il télescope les emprunts littéraires, Jonathan Littell et J. M. Coetzee, régulièrement sollicités depuis 2009 avec "(A)ppolonia" mais également Christopher Isherwood écrivain britannique expatrié en Allemagne dont le roman "Adieu à Berlin" a inspiré le célèbre film "Cabaret" de Jon Fosse, qui sert de trame au premier volet, et cinématographiques, le film "Shortbus" réalisé en 2006 par John Cameron Mitchell transposé dans le second volet avec l'écriture de plateau.

Cela donne une partition foisonnante et étourdissante portée par une troupe de comédiens et performeurs ébouriffants qui peuvent aller très loin dans le jeu sans jamais se départir de leur humanité.

Fort éloigné du décor d'un lieu supposé festif, le décor unique conçu par la scénographe Małgorzata Szczesniak est terrifiant : un espace vide et impersonnel, à l'aspect clinique avec des murs recouverts de ces petits carreaux biseautés en faïence blanche du début du 20ème siècle qui évoque aussi bien les premiers couloirs du métro parisien que les bains-douches ou les établissements médicaux et la morgue. Il faut bien cela pour évoquer les fantômes sanglants du passé et montrer une société agonisante.

La première partie qui ressortit à la farce tragique est saisissante en ce qu'elle repose sur des tableaux à la grande puissance dramatique et à la combinaison iconographique percutante - le monsieur Loyal qui va se métamorphoser en Hitler (Zygmunt Malanowicz), la revue des boys et girls vêtus comme des gymnastes qui interprètent le chant emblématique du IIIème Reich sur des images d’archives de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 montrant les délégations sportives défiler au pas de l'oie comme des militaires, le suicide de l'ancienne meneuse de revue Jacqueline Bonbon (Staszka Celinska) devenue vieille et difforme - et les interprétations de haut vol de Magdalena Cielecka dans le rôle de actrice sans scrupules pour accéder à la notoriété et à la gloire oscarisée et Andrej Chyra dans celui de l'écrivain homosexuel expulsé par les nazis.

Dans la seconde partie scandée par une bande-son constituée par le psychédélisme experimental de l'album "Kid A" de Radiohead sorti en 2000 qui constitue le fond sonore d'une discothèque dirigée par un transsexuel inspiré de la figure de l'artiste transgenre Justin Vivian Bond (Jacek Poniedzalek), les personnages de Shortbus, faute de connaître l'amour, s'évertuent aux pratiques sexuelles compulsives et transgressives et se perdent dans une impossible jouissance impossible car la chair seule est finalement triste voire pathétique.

Malgré la convocation des icônes de l’underground new-yorkais des années 1970, John Lennon, Yoko Ono, Patti Smith et Iggy Pop, la partition plus performative que théâtrale manque de matière sur la durée et les effets scéniques, tels la pluie d'or, l'homme-sirène ou le cercueil transparent, ne sont pas sans réminiscences mnésiques avec "Angels in America" que Krzysztof Warlikowski a monté en 2007.

Cela étant, l'acuité du propos est incontestable et l'imprécation réussie grâce à une grande maîtrise dans la composition dramaturgique et à une interprétation sans faille. Krzysztof Warlikowski a raison de s'interroger sans relâche sur la salvatrice capacité à aimer de l'homme contemporain.

 

MM         
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