Parmi tous les adjectifs que l’on pouvait accoler à l’énergique trio danois de WhoMadeWho, certains n’ont pas tenu la distance et ont fini par s’égarer avec les années, là où d’autres sont restés comme gravés dans la pierre. En tout premier lieu, le mélange hétéroclite entre une espèce de dance music qui ne s’assume que par intermittence et un rock indie facilement porté par les voix atypiques de Tomas Høffding et de Jeppe Kjellberg.
Du punk ? Plus rien à l’horizon, si ce n’est une survivance d’une approche de la musique quelque peu expérimentale. A la place, les voix s’adoucissent, les mélodies se font plus pop et les guitares signent un retour en force. Et quand on entend des titres comme "Another Day" et sa rythmique à faire pâlir d’envie les Shins de James Mercier, on en est à se demander quelle mouche a piqué l’un des groupes les plus prometteurs de ses dernières années.
Fort heureusement, Dreams est un album qui s’affirme au fur et à mesure et qui s’offrira quelques épisodes aventureux, comme sur "The Morning" et ses arrangements très "club", marque de fabrique de Tomas Barfod.
Le "Club" et son ambiance, une présence qui se dessine en filigrane sur tout l’album. Une éminence grise qui ne s’aventurera sous la lumière (de la piste de danse) que de façon progressive. En s’invitant par exemple, avec des touches timides sur les dernières notes de "New Begining", ou de bravement prendre tout l’espace sur "Hiding In Darkness".
C’est d’ailleurs ici que se situe toute la quintessence de Dreams, une ambivalence entre des mélodies pop/rock et un univers sonore qui sied à la nuit. De fait, l’album est un noctambule avéré (comme le sous-entend son titre), bien qu’il ait fait le choix de troquer l’onirisme au profit de productions propres à devenir la bande son d’une fin de soirée.
Parfois complexe, l’opus provoquera de lui-même quelques décalages, entre des titres dansants et d’autres comme "Dreams", fruit de la rencontre impromptue et incongrue des genres et donc forcé de faire pâle figure aux côtés des très réussis "Hiding In Darkness" et "Traces".
Un revers de médaille illustrant que la nouvelle maturité des WhoMadeWho s’est faite en sacrifiant leur trop plein d’énergie au profit d’un manque d’hétérogénéité. |