La légende dit que Ludéal est secret, qu’il a grandi dans une banlieue quelconque et ennuyeuse et qu’il écoute Elvis Costello alors que ses pairs bavent devant Bono et ses lunettes jaunes. Il ne suit pas la tendance et trace déjà sa propre voie. Paon d’or est le troisième album de cet artiste au nom de contraceptif, désigné trop souvent comme l’héritier de Bashung. Bon.
D’une, qui a dit ça ? Il n’a pas la même voix ! C’est parce qu’il utilise des guitares et chante en français ? Il n’est pas le seul. En France, nous avons toute une gamme de dandys nonchalants au charme discret et aux rares apparitions. Ludéal en est. Sa musique est plus dodelinante que vraiment groovy, mais elle ne manque pas d’atouts.
A commencer par cette douce corde entre des doigts ailés, mélodieuse et sensuelle. Ah, ces filles qui craquent pour n’importe quel péquenot planqué derrière une guitare… Et oui, ce n’est pas pire qu’un uniforme de pompier représentatif de crématorium. Bref, les notes régulières tremblent d’exigence et de précision sous les doigts de Ludéal, le fichant droit au rang des intellos agréables.
Ludéal et son Paon d’or ne baratinent pas. Pas besoin quand on fredonne comme d’autres respirent. Sa voix n’a pas de profondeur particulière, ni de déviance anormale, elle est juste… Comment dire ? Elle est simplement juste. Sans fioriture ni monstre caché, sans intention de soulever quoi que ce soit. En dilettante.
Ludéal semble chanter pour son plaisir, ce qui fait immanquablement le nôtre aussi. Il ne se livre pas facilement, ce qui donne un sens assez imperméable aux textes. Mais il nous rassure "de toute façon je t’aime telle que t’es". Qu’as-tu dans la tête ?
Pas facile à cerner, difficile à décrire, Ludéal serait un peu comme une matinée printanière où le soleil brille tellement qu’il voile le paysage d’une douce brume née de la chaleur du soleil et de la fonte du givre. Flou, vaporeux et un peu onirique. Pas la peine de vous pencher sur les paroles, laissez-vous emporter par la dérive de vos sentiments sur ses airs doux et bienveillants. |