La dernière aventure en date de l'atypique et récurrent tandem féminin inventé par Dominique Sylvain - Lola Jost, une dodue quinquagénaire ex-commissaire que le métier continue de titiller au point de le faire en privé bénévole, et Ingrid Diesel, une piquante américaine masseuse-stripteaseuse aux accents birkiniens - s'est achevée sans happy end avec quelques cadavres à la morgue.
Une bien sale affaire que cette "Guerre sale" avec ses tripatouillages politico-financiers avec la Françafrique en ligne de mire dans laquelle la seconde avait bien failli y laisser plus que des plumes, ce qui l'a incité à prendre le chemin du retour at home pour faire la showgirl à Las Vegas.
Quant à Lola, pour qui cette histoire aux accents de tragédie humaine actionnée par la vengeance avait également une résonance personnelle, elle a pris un sacré coup derrière les étiquettes et vit quasiment en recluse, se laissant méchamment aller entre sa marotte du puzzle, les coquillettes-jambon en boucle et les grands-petits verres de porto, ce qui n'est bon ni pour son moral ni pour sa ligne ni pour son arthrose.
Et puis un jour on sonne à la porte : ce n'est pas le Prince charmant mais un boeuf-carotte, un capitaine de l'Inspection Générale des Services qui joue les télégraphistes. Il vient lui annoncer que le corps du divisionnaire Mars, mouillé jusqu'au cou et qui avait su jouer les filles de l'air, a été retrouvé bien refroidi en Côte d'Ivoire, ce qui en soi ne lui tirerait même pas une larme de crocodile.
Mais la mauvaise nouvelle est qu'il a été tué avec l'arme du lieutenant Sacha Dugain, son chouchou qui fut l'amant d'Ingrid, une belle histoire d'amour ratée, qui était parti à sa poursuite. De quoi rempiler illico. Et pas seule car deuxième coup de sonnette et qui débarque sans crier gare ? La plus que jamais jolie Ingrid.
Et c'est reparti pour une enquête en boomerang qui, de Paris à Hong Kong en passant par Abidjan, fait crapahuter Lola Jost en compagnie d'un bien louche bonhomme spécialiste du terrorisme islamique en Afrique.
Dans "Ombres et soleil", qui constitue l'épilogue de "Guerre sale", les affaires privées voire intimes des hommes de pouvoir, et de leur éminence grise, ces fameux "hommes de l'ombre", constituent le terreau fertiligène des affaires d'Etat et la traque va s'avérer aussi longue et embrouillée que dangereuse pour les deux "pétroleuses".
Dominique Sylvain tire avec acuité sur le fil d'une pelote habilement tissée autour de l'humain, plus exactement de la nature humaine qui est au coeur de toute chose et livre un bon néo-polar qui participe du roman noir de la politique. |