Comédie de Murielle Magellan, mise en scène de Frederic Segard, avec Lyne Mucig et Christophe Boutellier.
De la maternelle à l'âge mûr, Pierre (dit Caillou pour ses cheveux rares) et Papillon, sa petite copine, vont se rencontrer, se quitter, se croiser, se retrouver et de nouveau se séparer...
Ça pourrait être une pièce quelque part entre "Love Letters" et "Même heure, l'année prochaine", mais "Pierre et Papillon", avec sa construction fragile, vaut beaucoup mieux que ces solides ouvrages trop bien cimentés.
Dans cette comédie mélancolique du "toujours trop tôt" et du "jamais trop tard", Murielle Magellan n'empile pas les saynètes pleines de lieux communs. Les petits moments de vie qu'elle a choisi de privilégier sont originaux et traités avec beaucoup de sensibilité.
Les personnages ne sont pas de simples caricatures dont les réactions sont prévisibles. Peu à peu, ils se dessinent et redessinent. Pierre est réservé, un peu coincé. Il met du temps à penser ce qu'il pense et encore plus à agir et à réagir.
Papillon, elle, est impulsive, spontanée. Elle va peut-être trop vite pour son compagnon. Au bout du compte, voilà deux êtres maladroits dans la vie, deux bonnes personnes qui ne calculent pas et qui ne savent donc pas éviter les malentendus.
Pendant cette heure délicieuse que l'on passe en leur belle compagnie, on a envie de leur donner des conseils pour qu'ils soient enfin synchrones dans leur amour. "Mais enfin aimez-vous !" devrait-on crier de la salle. Car, c'est sûr : Pierre et Papillon ont gagné la sympathie des spectateurs. Et pas seulement.
Avec son jeu tout en intériorité, dont s'échappe parfois un peu de poésie lunaire, Christophe Bouteiller est un Pierre touchant. Le naturel étonnant de sa partenaire Lyne Mucig fait de Papillon un être bourré de délicatesse.
C'est donc avec une réelle émotion que l'on quittera ces personnages bien écrits par Murielle Magellan et bien valorisés par la mise en scène limpide de Frédéric Segard.
"Pierre et Papillon" est un joli spectacle dont appréciera la petite musique et que l'on ne regrettera pas d'avoir préféré au brouhaha de tant de pièces trop bien charpentées. |