Réalisé par Jean-Pierre Mocky. France. Comédie dramatique. 1h23. (Sortie 19 mars 2014). Avec
Frédéric Diefenthal, Richard Bohringer, Sarah Biasini et Jean Abeillé.
Il faut être un fan absolu de Jean-Pierre Mocky pour répondre présent à chacun de ses films. On peut aussi légitimement se dire que désormais l'auteur du "Miraculé" ou du "Piège à cons" travaille plus pour son catalogue ou sa filmographie que pour des spectateurs de plus en plus rares.
Mais, de temps en temps, on peut encore avoir envie d'aller y voir. C'est le cas avec "Dors... mon lapin", dont le titre charmant et incongru attire plus que "Le Deal" ou "Le Glandeur".
Et - ô surprise ! - ce film, au moins le cinquantième, de Jean-Pierre Mocky est réussi.
D'abord, autre événement, il n'a pas l'air bâclé. Son directeur de la photographie, Jean-Paul Sergent, s'est pour une fois appliqué et Mocky, qui vient de perdre récemment une de ses plus belles grandes gueules Michel Francini, semble avoir renoncé à aligner les trognes les plus improbables. Reste seul à l'appel du temps qui passe, l'immense Jean Abeillé, à qui l'on adressera au passage un coucou admiratif.
Dans "Dors... mon lapin", Mocky bénéficie surtout d'un Frédéric Diefenthal enfin revenu dans un monde cinématographique sans "Taxi". L'acteur porte le film sur ses épaules autant que le bébé qu'il a enlevé dans ses bras. Face à lui, Richard Bohringer paraît enfin apaisé. Flic raciste à chapeau noir et à chaussures blanches, il s'amuse prêt à rempiler dans le "Mocky Show" pour au moins dix ans.
Autre élément favorable, "Dors... mon lapin" a un scénario linéaire qui se tient et qui ne part pas avant la fin du film. Tout au contraire, Mocky réussit un joli tour de passe-passe scénarique et, chose rare depuis longtemps, trouve une jolie fin genre "Ici l'on pêche".
Toujours bien servi musicalement par son complice Vladimir Cosma, qui use et abuse savamment de l'orgue de barbarie, Jean-Pierre Mocky retrouve ainsi une belle forme. Celle qu'il avait avant qu'il ne dépasse les quarante films.
On n'attendra donc pas dix films avant de revenir saluer ce trésor national du foutraque qu'est le papa de Stanislas Nordey et, conformément à l'usage, on dira que "Dors... mon lapin" de Jean-Pierre Mocky est un film qu'il faut aller vite voir en salles, car il n'y restera pas forcément aussi longtemps que le dernier monument d'ennui de George Clooney. |