En provenance de la Scuderire del Qurinale à Rome où elle a fermé ses portes le 9 février 2014, l'exposition consacrée à Auguste, le premier empereur romain, dans le cadre d'une commémoration du second millénaire de sa mort, arrive en France sous le titre "Moi, Auguste, empereur de Rome...".
Organisée par la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais et le Musée du Louvre, Paris, en collaboration avec la Scuderie del Quirinale et les Musées du Capitole de Rome, elle réunit les plus belles et emblématiques pièces des collections muséales internationales.
Le commissariat italien assuré par Eugenio La Rocca, professeur d’archéologie et d’histoire de l’art grecque et romaine à l'origine du projet, Claudio Parisi Presicce, directrice du Musée du Capitole, Annalisa Lo Monaco, de l'Université de Rome, est complété en France de la collaboration de Cécile Giroire et Daniel Roger, conservateurs au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du Musée du Louvre.
L'exposition qui s'avère magistrale est introduite de manière fracassante avec une façade disloquée en trompe-l'oeil.
Usant de son procédé habituel du "rapt architectural", le plasticien
Pierre Delavie a créé l'installation éphémère "Néo" qui enchante l'oeil.
Auguste, le premier empereur de la Rome antique
Dans une scénographie lumineuse de Véronique Dollfus qui sublime les oeuvres exposées, pour l'essentiel de la statuaire et des vestiges architecturaux, l'exposition se développe sur deux niveaux avec un parcours didactique composé de sept sections chrono-thématiques qui combinent harmonieusement l'histoire de l'Empire romain et l'histoire de l'art.
Du triomphant guerrier encuirassé ("Auguste Prima Porta") à l'empereur défunt officiellement déifié par le Sénat, du héros au dieu, l'empereur Auguste, petit-neveu et fils adoptif de César,
s'est construit un destin exceptionnel.
Une ascension politique unique, la novation de l'Empire à la République et quatre décennies de règne instaurent ce que furent la Pax Romana et l'âge d'or augustéen.
L'exposition illustre l'ambition, au demeurant accomplie, d'un homme qui se voulait bâtisseur, dans une acception polysémique du terme, pour laisser "sa" trace dans l'histoire du monde et des hommes.
Bâtisseur d'empire, il substitue à une république moribonde un régime de pouvoir central unique incarné par un homme, développant par une véritable stratégie de communication.
Empereur le plus représenté de l'Histoire antique, Auguste développe un véritable culte de la personnalité véhiculé par la diffusion massive de sa figure et de son effigie avec, entre autres, des portraits à la typologie étudiée pour concourir à l'élaboration d'une "imagerie" officielle.
Ainsi sont présentées de nombreuses oeuvres exceptionnelles telles le camée "Blacas" avec le profil idéalisé d'Auguste représenté avec des attributs divins, la statue équestre fragmentaire d'Auguste et le portrait d'Auguste de Méroé, tête en bronze avec des yeux en verre et calcite.
Auguste se veut également un empereur constructeur qui rénove et embellit la ville de briques et de bois pour la transformer en "Romam Marmoream", apte à défier le temps et éclairer les générations futures.
Son engagement édilitaire, tant à Rome que dans les provinces conquises, se traduit notamment par la reconstruction des temples et l'édification d'un nouveau Forum, de l'Ara Pacis du Mausolée d'Auguste érigé de son vivant et de théâtres tels le théâtre de Marcellus et le théâtre d'Arles.
Le visiteur pourra voir, pour la première fois réunis, les éléments de la longue frise célébrant la bataille d'Actium dispersés au sein de collections publiques et particulières.
Enfin, Auguste, empereur également homme, pense à sa descendance.
Ainsi se veut-il fondateur d'une dynastie, qui sera celle des Julio-Claudiens qui s'achèvera avec le règne de Néron, pour assurer la transmission héréditaire du pouvoir.
Le régime augustéen est également caractérisé par l'épanouissement des arts, sous influence majeure du style grec qui ressortit à un nouveau clacissisme qualifié de "Renaissance antique", et concourt à l'instauration d'un art de vivre que la prospérité économique fait tendre vers le somptuaire.
Au plan architectural, le remaniement du style grec intervient tant par la réutilisation d'éléments architecturaux de l'âge classique et héllénistique que l'interprétation de son répertoire stylistique.
En ce qui concerne la statuaire d'approche naturaliste, celle-ci ressortit à la sculpture néo-attique qui est celle prônée par l'école romaine qui prépare à la culture officielle.
L'exposition présente également un focus sur les arts décoratifs avec la présentation d'éléments de mobilier et de pièces d'art de la table qui rend compte de l'élégance et du raffinement qui présidaient dans les demeures patriciennes.
Une fastueuse immersion dans la Rome antique qui donne une belle occasion d'un week-end à Rome avec un parcours dédié aux monuments de la Rome antique sur les traces d'Auguste. |