En 2011, EMA faisait une entrée tonitruante avec l'album Past-Life Martyred Saint. Non que la grande blonde aux origines nordiques soit une fervente croyante, mais cet album venait clore tout un chapitre de sa vie bouleversée par une romance auto-destructrice. Comme beaucoup d'artistes, elle décidait alors d'expier sa douleur au travers d'un songwritting d'écorchée vive et d'une musicalité grunge et noise, histoire de ne pas faire de sa déception amoureuse un véritable sacerdoce. En résultait une collection de titres marquants, forts d'une énergie transcendante et presque primaire, tant la pureté des sentiments décrits dans des titres phares comme "Marked" imprimaient une sensation de profonde révérence à chaque oreille.
Près de trois années plus tard, l'artiste semble aller beaucoup mieux et signe un retour apaisé (ou presque) avec The Future's Void. "Satellites", premier extrait de ce nouveau chapitre, s'offre comme un rapide panorama sur l'univers de la chanteuse. Une production bicolore s'échelonnant depuis une simple boîte à rythme à une pluie de percussions. Le tout, s'accompagnant d'un chant de plus en plus véloce et de sons blancs, clairement empruntés à des digressions de la bande FM.
C'est qu'Erika M. Anderson, épaulée de Leif Shakelford à la production, a ici deux propos : le premier a une fonction prophétique, annonçant au détour de pistes comme "Cthulu" (l'ombre de H.P. Lovecraft) ou "100 Years", l'avènement d'un monde futuriste dans lequel la notion de soi se noie dans le tout internet.
Le second via des titres tels que "3Jane" et "Satellites" met en lumière la survivance d'une humanité touchante, s'offrant en surimpression sur des passages lourdement arrangés par l'électronique.
Pour autant, The Future's Void reste un album faisant appel, comme il se doit, aux rifts de guitares, aux synthés dissonants et plus généralement à toute une panoplie punk et noise. Le vide se retrouvant alors immortalisé sous les traits des guitares criardes et lancinantes, automatiquement mises en exergue par un jeu de percussion discret mais efficace lLes battements de cœur effrayants sur "Cthulu").
En s'offrant des productions aux coins arrondis, avec un son crachant de façon plus légère, l'artiste signe un album qui entretient l’illusion d’une nouvelle maturité. N’allez pas pour autant croire qu’EMA s’est assagie avec cet album. Peut-être est-il moins percutant, mais il laissera tout de même quelques hématomes au fond des oreilles. |