Proverbe de Alfred de Musset, mise en scène de Claude Gisbert, avec Delphine Ledoux et Claude Gisbert.
Dernière comédie écrite par Alfred de Musset, "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" est un badinage autour d'une déclaration d'amour qui n'en finit pas alors que le résultat ne fait aucun doute : la marquise répondra positivement aux avances du comte.
Théâtre hors du théâtre, "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" appartient à ce que Musset appelait "Théâtre de salon" et Claude Gisbert, dans la version ici proposée, l'a bien compris en installant quelques sièges et un divan dans le foyer du théâtre.
c'est une pièce de proximité qui n'a guère besoin de séparer le public et les acteurs par la frontière inexpugnable de la scène. Dès lors les deux acteurs n'ont pas à déclamer ni à chuchoter, mais à converser du sujet vital qui les préoccupe.
Pur moment abstrait qu'on couperait au montage si l'on était au cinéma, le dialogue saisi par Musset n'a d'autre intérêt que d'entendre une brillante conversation qui se résumerait d'un mot : la marquise a dit "oui" au comte.
C'est dire qu'en lui-même le texte de Musset n'est qu'un exercice de style qui ne suffit peut-être plus à faire sens à l'ère où "discuter" rime avec "se disputer". Claude Gisbert, sans doute au grand dam des puristes de Musset, a donc "encadré" sa "porte" en commençant par un soliloque du comte autour du poème d'Alfred de Musset "Si je vous disais pourtant que je vous aime".
Plus iconoclaste encore, il a choisi de "compléter" Musset par un dialogue tiré de "Au bord du lit" de Guy de Maupassant. On y découvrira les personnages d'"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" quelques années après quand l'amour ne sera plus pour eux qu'une tractation sordide et financière...
Claude Gisbert, par ailleurs interprète du Comte, a-t-il eu raison d'instrumentaliser la pièce de Musset ?
À son crédit, on constatera que ces ajouts ne nuisent en rien à Musset et ne conduisent à aucun contresens. Mieux, il donne ainsi aux acteurs du grain à moudre alors qu'il faut l'admettre le texte de la pièce stricto sensu manque de force pour que les comédiens puissent s'en nourrir.
Dans la configuration de Claude Giesbert, ils ont quelque chose à défendre et la pièce gagne à avoir un épilogue un peu osé. Claude Gisbert et Delphine Ledoux peuvent ainsi déployer leur talent et ne pas simplement réciter un texte pas toujours inspiré.
Au bout du compte, avec ce passage par Maupassant, "Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée" devient un conte vraiment moral et gagne en consistance. Ce court spectacle, parfait à l'heure de l'apéritif, se regarde donc avec un vrai plaisir et pétille comme une bulle de champagne. |