Réalisé par Corneliu Porumboiu. Roumanie/France. Drame. 1h29. (Sortie 16 avril 2014). Avec Diana Avramut, Bogdan Dumitrache, Mihaela Sirbu et Alexandru Papadopo.
On avait vanté "Policier, adjectif", le précédent film de Corneliu Porumboiu et souligné la force de son cinéma où les mots sont aussi importants que les images. Un cinéma dense, labyrinthique, capable de tromper le spectateur avec quelque chose d'évident.
"Métabolisme (ou Quand le soir tombe sur Bucarest" est dans la même veine que "Policier, adjectif".
Cette fois-ci, Corneliu Porumboiu a pris comme thème central le tournage d'un film. "Métabolisme" pourrait ainsi se définir comme sa "Nuit américaine" mais, contrairement au film de François Truffaut, le tournage n'est pas au centre de ses préoccupations.
Ce qui se passe entre le metteur en scène et son actrice vient avant qu'il dise "action" et interfère moins sur le film que sur l'état du réalisateur en train de le faire.
"Métabolisme" est un film abstrait qui bute sur l'idée du cinéma. Le réalisateur n'est pas un démiurge qui manipule les autres pour obtenir ce qu'il veut d'eux, mais un homme seul, perdu dans ses fonctions organiques. Mu par ses pulsions sexuelles, victime de ses vicissitudes intestinales ou digestives, il ne dirige pas son film mais est dirigé par son corps.
Contrôlé de bout en bout par un Corneliu Porumboiu qui s'amuse à créer un réalisateur qui lui ressemble sans lui ressembler, "Métabolisme" se suit sans difficulté avec, comme souvent dans le cinéma roumain, des comédiens qui savent faire croire qu'ils ne sont que leurs personnages alors qu'ils en maîtrisent toutes les subtilités. Regarder ce que font Bogdan Dumitrache - déjà à son avantage dans "Mère et fils" de Catin Peter Netzer - et Diana Avramut est en soi un plaisir pour qui aime les acteurs.
La force de la cinématographie roumaine repose sur cette capacité rare ailleurs de mêler cinéma et théâtre sans que cela paraisse théorique.
Au fond, "Métabolisme" de Corneliu Poramboiu va jusqu'à la limite de la logique du cinéma de son pays : il raconte une histoire qui n'est qu'un prétexte pour la faire jouer par des acteurs. C'est peut-être ça le secret de son cinéma si limpide dans sa complexité. |