Monologues dramatiques écrits et mis en scène par Joël Dragutin, interprété par Stéphanie Lanier. "Portraits", composé de deux courtes pièces de Joël Dragutin, dont la seconde "La spectatrice" avait été créée en 2006, nous permet de retrouver cette passionnante comédienne qu'est Stéphanie Lanier.
L'auteur et metteur en scène Dragutin nous donne à voir avec légèreté et intelligence deux personnages de femmes totalement ancrées dans le vingt et unième siècle.
La première, "L'estivante", est une voyageuse mais pas n'importe laquelle. Embarquées aux quatre coins du globe, avec naïveté et générosité, elle est à la recherche de relations authentiques avec des habitants et leurs cultures. Se ressourçant aux cyprès de Toscane ou dans un estaminet de Prague, s'extasiant sur les clichés d'un folklore exotique, elle est toujours prête à aider. Pourvu que cela lui fasse oublier le vide de sa propre vie.
Voix tantôt alanguie, tantôt exaltée, Stéphanie Lanier compose une femme à la fois ridicule et touchante, drôle et émouvante, beau spécimen d'une parisienne moderne qui se développe personnellement et fait de l'humanitaire comme d'autres du stretching.
Dans "La spectatrice", une autre femme, à la sortie du spectacle, refait la pièce qu'elle vient de voir. Bavarde, pas avare de superlatifs, aussi gestuelle que les spectacles qu'elle commente : des performances en banlieue jusqu'aux classiques revisités de 4h30, elle a un avis sur tout. Théâtrale elle-même, elle mène sa vie comme dans une mise en scène d'avant-garde. C'est succulent et irrésistible.
Ces deux impromptus offrent un petit bijou de causticité et de lucidité aussi bien sur le tourisme "authentique" que sur le public des événements "culturels". Et c'est toujours un immense plaisir de retrouver cette comédienne rare qu'est Stéphanie Lanier, dont le précédent spectacle "Moi, Dian Fossey" fût l'un des grands moments du Off d'Avignon l'an dernier et devrait le marquer à nouveau cette année. |