Comédie écrite et mise en scène par Jean Marboeuf, avec Pierre Aussedat, Jean-François Gallotte, Juliem Marboeuf, Eric Mariotto et Patrick Préjean.
Georges Feydeau, roi du vaudeville, et Paul Deschanel, onzième président de la République française, ont un point commun, outre celui d’être des contemporains : ils ont tous les deux séjourné dans ce qu’on osait encore appeler à l’époque de l’après-guerre de 1914 "un asile de fous".
Jean Marbœuf, pour les besoins de ses "Folies vaudeville", a donc décidé de les placer dans le même établissement et de leur donner l’occasion de s’y côtoyer. Attention : il ne va pas ici être question d’une discussion "normale" entre deux personnages célèbres, ni de raconter façon "biopic" la vie de l’un et de l’autre.
L’originalité de la pièce de Jean Marbœuf est de tenir compte de l’état mental de ces deux célèbres patients. Tout y sera plus impressionniste que linéaire et la logique sera remplacée par une constante absence de logique.
Ces "Folies vaudeville" prendront ainsi la forme d’un spectacle populaire constamment en mouvement dans lequel se succèderont des numéros forcément inégaux, et dans lequel pourront alterner le meilleur comme le pire, avec ses "bas" aussi nécessaires à son équilibre que ses "hauts". On pourra y découvrir un "pétomane" dans ses œuvres, ou un directeur de théâtre à l’haleine fétide, contrepoints ou, plus précisément, contrepets à des moments de grâce quand la folie de Feydeau tutoiera celle de Cyrano*
Outre que l’on découvrira un Deschanel, pas simplement réduit à celui qui grimpait aux arbres de l’Élysée ou qui tombait des trains, Marbœuf donne un portrait d’écorché sensible de l’auteur du "Fil à la patte", qu’il appelle avec justesse "le Mozart du vaudeville".
Dans ses films, le cinéaste Marboeuf a été un grand directeur d’acteurs, aimant à distribuer des acteurs "catalogués "comiques dans des rôles que les autres leur auraient refusés. On se souvient de Jean Yanne en Pierre Laval dans "Pétain", de Michel Galabru dans "Monsieur Balboss".
Dans "Folies vaudeville", il donne à Patrick Préjean l’un de ses plus beaux rôles. Tout en nuances, habité, capable d’être lunaire et lunatique, celui qui fut un admirable "Saint-Pierre" dans "Après l’incendie" de Xavier Jaillard, monte quelques marches de plus, celles qui font d’un grand acteur un acteur indispensable. Il gomme par sa présence imparable les reproches qu’on ne manquera pas de faire à un spectacle qui est tout sauf léché et académique.
Avec "Folies vaudeville", Jean Marbœuf réussit à poursuivre une œuvre qui préfère toujours chercher de nouvelles recettes plutôt que de vivre sur les plus éprouvées. |