Rencontre avec Daniel Offermann des Girls In Hawaii, entre pommes et bananes, entre cafés et bières, autrement dit pendant le gathering avant leur concert à l’Autre Canal de Nancy.
Alors comment ça va ? Comment se passe la tournée ?
Daniel Offermann : Ca va bien, merci ! Cela fait un petit moment que nous sommes sur la route. Nous réussissons à garder cette petite tension avant de monter sur scène. Ce n’est pas encore la grande routine. On ajoute de nouvelles chansons, on a plusieurs setlists différentes pour ne pas faire tout le temps la même chose.
C’est difficile de garder comme ça, quand on tourne longtemps une certaine envie, excitation ?
Daniel Offermann : Nous avons l’avantage d’avoir sorti trois disques. Au début, c’était plus difficile, tu as juste un album, tu fais quelques reprises mais c’est plus délicat pour faire varier les concerts. Tu te retrouves vite dans une situation où tu fais tout le temps la même chose. Là, nous avons un répertoire plus étoffé. Nous avons aussi des chansons inédites. C’est cool de pouvoir les tester sur scène. Comme cela, nous gardons un certain effet d’excitation, oui.
Il est difficile de parler de votre dernier album, sans parler de Denis (batteur historique du groupe et frère du chanteur Antoine Wielemans, décédé dans un accident de la route en 2010). Qu’avez-vous ressenti, comment se sont déroulées les phases de composition, les phases d’enregistrement et maintenant la scène ?
Daniel Offermann : Personnellement, mais pour le groupe je pense que c’est un peu la même chose, il y avait une phase encore avant, où nous ne savions pas trop si nous allions continuer ou pas. Pour moi, c’était vraiment le moment-clé, où nous nous sommes retrouvés et nous avons décidé de refaire de la musique ensemble. Nous avons joué dans un festival qui s’appelle Deep in The Woods, c’était il y a presque deux ans, en septembre 2012. On s’est retrouvé là, on a fait une espèce de résidence. Nous avons joué ensemble avec un nouveau batteur. C’est là que le groupe a recommencé à vivre. A quitter ce coma à la limite. A partir de ce moment, tout a été naturel. C’est étrange mais oui. Bon après, il y a toujours des premières fois, la première fois que nous sommes rentrés en studio, la première fois sur scène… Mais une fois que nous avons réveillé le groupe, tout s’est mis vraiment en route. Et puis il y avait quelque chose de jouissif, on sentait une belle énergie positive. Faire de la musique ensemble a été une super manière de passer ce cap et d’aller plus loin. Nous avons beaucoup discuté entre nous mais à un moment les discussions cela tourne en rond. Il fallait que nous rejouions ensemble pour aller de l’avant et tout digérer.
Comment s’est déroulée la période de composition et d’enregistrement ?
Daniel Offermann : Il y a quelques chansons que nous avions, mais la plupart ont été faites après la mort de Denis. Antoine et Lionel sont arrivés avec des maquettes, mais à la différence des autres fois, les maquettes étaient moins finies. Il y avait parfois juste un bout de mélodie, une voix, quelques accords de guitare. On s’est retrouvé en fait assez vite en studio. Nous avons ensuite beaucoup travaillé ensemble dans le studio pour trouver des arrangements. C'était important pour nous de travailler avec le producteur Luuk Cox. Il nous a poussés à ne pas trop réfléchir, à s’amuser. Du coup toute cette phase, pour un groupe comme nous, a été relativement rapide.
Combien de temps en studio ?
Daniel Offermann : Trois fois une semaine environ. La base des chansons en deux semaines, ce qui pour nous est vraiment très rapide et une semaine pour faire quelques retouches. Presque une chanson par jour.
C’est étonnant, l’écoute d’Everest ne donne pas cette impression…
Daniel Offermann : Oui c’est vrai ! En fait, nous sommes un groupe qui réfléchit beaucoup avant de faire quelque chose. Nous aimions retravailler beaucoup les chansons. Là, le fait d’aller en studio, travailler avec un producteur nous a libérés de toutes ces questions. Luuk Cox nous disait : "bon on fait cette chanson en trois prises, on en choisit une et le son de la caisse claire sera comme ça, point à la ligne !". Du coup, en tant que musicien, cela enlève un poids et tu peux te concentrer uniquement sur la musique. Si nous avions procédé de la même manière que pour les disques précédents, avec beaucoup de home studio, cela aurait encore pris un an pour le faire ! Pour nous, c'était très amusant en fait !
Vous avez enregistré beaucoup de titres, non ?
Daniel Offermann : Oui pas mal…
On peut espérer un prochain album bientôt ?
Daniel Offermann : On y pense. On en parle déjà beaucoup entre nous. Il y a quatre titres qui n’ont pas trouvé leur place sur l’album mais que nous voulons absolument sortir, même si on ne sait pas encore comment. Mais c’est clair qu’il y a cette volonté de ne pas attendre encore cinq ans avant de faire le prochain disque. Nous avons envie de garder cette énergie positive de ce nouveau départ, de la tournée…
C’est une nouvelle ère qui commence…
Daniel Offermann : En quelque sorte, oui ! Nous ne sommes plus vraiment le même groupe. Mais le décès de Denis nous a permis aussi de régler des choses qui étaient présentes avant sa disparition et de tout remettre à plat en quelque sorte. Nous sommes partis sur des bases plus stables à la limite.
Une tournée acoustique est prévue ?
Daniel Offermann : Oui ! Je ne savais pas que l’info circulait déjà ! Nous avons décidé cela il y a seulement quelques jours ! Oui, nous avons déjà fait une tournée de ce genre après le second album et cela nous a beaucoup plus. C’est un chouette moment de calmer le jeu après des gros concerts, d’être inventif dans les arrangements, de ne pas avoir de grosse machinerie. La dernière tournée acoustique nous a permis aussi d’être plus attentifs l’un à l’autre. Cela ne peut qu’être positif pour le prochain album d’avoir ce genre d’expérience. Et puis cela permet de proposer autre chose aux fans qui ont déjà vu plusieurs fois le concert. Ce sera pour l’automne, je pense.
Dernière question : pensez-vous avoir réussi votre ascension de l’Everest ? C’est une image, bien sûr !
Daniel Offermann : Mais… Pour moi, l’idée de l'Everest n’est pas de savoir que l’on peut le gravir mais déjà qu’il est là et que cela représente quelque chose. Tu ne peux pas rester indifférent. L’idée, c’est que le décès de Denis est aussi quelque chose de très universel. Mais tu as raison, c’est une image. |