Opéras de Charles Gounod et de Darius Milhaud, mise en scène de Stéphane Vérité, avec Gaëlle Alix, Lamia Beuque, Fernand Bernardi, Kristina Bitenc, Jean-Christophe Born, David Oller, Sunggoo Lee, Sévag Tachdjian et l'Orchestre Lamoureux.
Deux ambiances bien contrastées pour cette soirée lyrique à l'Athénée.
D'abord, de la joie et de l'humour pour "La Colombe", œuvre légère et réjouissante de Charles Gounod, ensuite, de la noirceur et de l'émotion pour "Le Pauvre Matelot", œuvre de Darius Milhaud sur un livret de Jean Cocteau.
Si l'on n'est pas un aficionado de l'opéra, ou un adolescent qui découvre ce genre, ces deux courtes pièces créées par l'Opéra Studio de l'Opéra National du Rhin seront une excellente entrée en matière.
Le reproche des novices selon lequel on ne "comprendrait pas les chanteurs" est ici hors de propos. Chantées en français, les deux œuvres ont été surtitrées, mais, au bout de quelques minutes, les surtitres s'avèreront inutiles : tout le monde, en effet, entendra parfaitement les paroles des livrets chantés sans fioriture par de jeunes artistes talentueux soucieux justement d'être compris.
Qu'ils soient sur le registre joyeux de "La Colombe" ou celui plus mélodramatique de "Pauvre Matelot", complainte écrite par Jean Cocteau, les huit chanteurs excellent à la fois dans le chant et dans le jeu.
Leurs performances sont mises en valeur par la mise en scène de Stéphane Vérité qui n'a pas hésité à recourir aux images numériques en plaçant un écran vidéo en fond de scène.
Entre abstraction et réalisme stylisé, les images numériques conçues avec Romain Sosso remplacent avantageusement les "toiles peintes" d'antan et inscrivent les œuvres dans une vraie modernité, discrète et jamais tapageuse, tout au service des mots et des notes.
On soulignera aussi le soin des costumes d'Hervé Poeydomenge qui renforcent la beauté esthétique de ces deux productions qui bénéficient aussi largement de la qualité des musiciens de l'Orchestre Lamoureux sous la direction de Claude Schnitzler.
Désormais régulières, ces programmations de l'Athénée qui associent vraiment théâtre et opéra méritent toute l'attention des mélomanes et constituent, on ne cessera de le répéter, une belle initiation à l'art lyrique pour un public plutôt acquis en priorité à l'art dramatique. |