Comédie dramatique écrite et mise en scène par Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, avec Daria Deflorian, Monica Piseddu, Antonio Tagliarini et Valentino Villa.
Cette fois-ci, c'est un fait-divers grec qui a inspiré Daria Deflorian et Antonio Tagliarini. Dans son roman, "Le justicier d'Athènes" (2011), l'écrivain grec Pétros Markaris relate le suicide de quatre retraitées qui n'ont plus voulu être une charge pour la société.
"Nous partons pour ne plus vous donner de soucis" ont-elles laissé comme explication, en prenant soin de laisser en évidence leurs cartes d'identité.
Comme dans "Reality", mais avec peut-être plus de gravité, Daria et Antonio s'interrogent sur le sens de cette tragédie qui a pour fond la faillite de la Grèce et le mal-être de ses habitants. Ici, plus que s'amuser à imaginer, il s'agit, sur une scène où sont disposées simplement quelques chaises et une table, de comprendre ce qui s'est passé, de dévoiler ce qui se cache derrière ces faits d'une grande brutalité.
On retrouve dans les discussions des protagonistes la même qualité d'attention et d'émotion, cette science des petits choses que l'on propose et qui, mises en commun, fournissent la matière pour élaborer une théorie, pour élément par élément se rapprocher d'une possible vérité.
Reconstituant le vraisemblable cheminement qui a conduit ces quatre personnes à ce désespoir serein, condition sine qua non pour imaginer cette mort commune digne des grands stoïques de l'âge antique, Daria et Antonio semblent plus radieux que jamais.
S'interrogeant sur ce que "représenter" veut dire, ils décrivent tout le cérémonial, réel ou imaginaire, qui a précédé le geste fatal des quatre retraitées.
Le rituel de mort sombre mais pas macabre qu'ils reconstituent donne encore plus de grandeur à l'acte de ces "gens de peu" qui s'évanouissent littéralement, se confondent avec l'obscurité théâtrale, comme pour dire qu'ils ne meurent pas mais n'ont jamais été.
Dialectique entre l'existence de l'acteur et le non-être du personnage pour se confronter à la vérité du monde, le spectacle de Dario Deflorian et Antonio Tagliarini finit dans la clarté du noir.
On ne pourra qu'être bouleversé par ce paradoxe, cet intense moment de théâtre simple et beau. |