"No pain / No death / No fear / No hate… No wound / No waste / No lust / No fear / No light / No cure."
La chronique de ce disque pourrait être assez simple : To Be Kind est un album absolument fantastique si vous aimez tout ce qui approche de près ou de loin l’intensité. Nous pourrions nous arrêter là, dire que ne pas posséder ce disque serait un crime et enchaîner les superlatifs. Ô comme j’envie ceux qui écouteront ce disque pour la première fois, qui se prendront ce tsunami en plein visage. Ce plaisir énorme, jouissif. Une satisfaction qui reste et comme pour tous les grands disques, il faut de nombreuses écoutes pour commencer à en faire le tour.
Depuis le début de leur carrière au début des années 80, Swans possède ce génie, ce truc en plus qui en fait un groupe culte, influence majeure et incontournable de ce que l’on pourrait appeler de manière un peu réductrice : la musique post-rock, indus et bruitiste. De retour (un retour créatif et non pas pour remplir le porte-monnaie des musiciens) après une période de séparation dans les années 90, le groupe a marqué les esprits avec deux albums aussi intenses qu’impressionnants : My Father Will Guide Me Up a Rope To The Sky en 2010 et The Seer en 2012 (sans oublier We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head en 2012 et Not Here / Not Now en 2013 enregistrés en public).
To Be Kind en est la suite logique, il s’est notamment développé pendant la tournée 2012-2013 et cela se remarque surtout dans le titre "Bring The Sun / Toussaint L'Ouverture", longue pièce en forme de crescendo épique de 35 minutes rappelant Pink Floyd ou Earth. To Be Kind est un disque fleuve, où les formes et les strophes se confondent. Un labyrinthe sonore où le fil d’Ariane semble être la lumière et la jouissance, tournant autour des thèmes de l’amour, du sexe, de la vie et des voix féminines (Cold Specks, Little Annie, St Vincent…), ce qui est plutôt surprenant pour ce groupe à la réputation oppressante et plutôt sombre.
Envoûtant, bouleversant, hypnotique, profond, ce disque écouté sans interruption entraîne l’auditeur dans une autre dimension sonore, dans une expérience sensorielle, spirituelle, proche de la transe, dans un nouvel état de perception extatique. Une symphonie des nouveaux mondes, puissante, organique, développant une aura mystérieuse, moderne et intense. La voix de Gira, instrument en soi, parlée, chantée, scandée marque comme celles de Tom Waits ou Lou Reed (à la présence fantomatique presque incroyablement palpable).
A l’instar de The Seer, considéré par Gira comme leur meilleur album, To Be Kind est un Graal pour tous ceux qui aiment les musiques exigeantes. Un groupe qui a décidément compris beaucoup de choses à ce que devrait être la musique. |