Annonce du jour : "entre 15h et 22h, alerte orange, orage, grêle, pluie et compagnie". On consulte pas moins de dix sites internet liés au climat, et les prévisions sont les mêmes. On tremble un peu à l'idée d'y aller et de perdre, de nouveau, quelques points de vie au Malsaucy. Moralité : une légère averse et puis s'en va... On arrive un peu à la bourre ce dimanche, tout simplement pour éviter Patrice qui, quand on entre dans le site, hurle un affreux "I like to move it, move it" qui fait saigner les oreilles autant que ces miaulements de fin de set.
Dakhabrakha
Ma seule irruption sur la scène de La Plage cette année sera un coup de poker tout à fait réussi. Dakhabrakha : un quatuor atypique, trois femmes aux voix incroyables, une débauche d'instruments tous plus maîtrisés les uns que les autres. Une world énormissime et parfaitement calée, qui remet les esprits en place et dépayse en deux mesures – les costumes ukrainiens sont de sortie ! Une découverte de choix et un set qui font des Dakhabrakha les ovnis superbes de cette programmation !
Biffy Clyro
Les filles aiment les voyous, c'est bien connu. Biffy Clyro l'a bien compris : son rock oscille entre un son bien gras, et des riffs un peu faciles, voire mièvres. Sur scène, j'ai la même impression : torse nu, tatoué de la tête aux pieds, Biffy Clyro a, quoi qu'il fasse, quand même une tête de bon garçon. Par contre, la dépense d'énergie sur scène vaut son pesant d'or et rattrape partiellement les écoutes plutôt décevantes de certains titres, piochés dans ces trois derniers albums. Les fans hurlent les paroles, j'ai visiblement affaire à un mythe en chair et en os mais...
Volbeat
Le métal aux Eurocks est assez rare pour être remarqué – même s'il est clair que j'ai raté, sur quelques scènes alternatives des groupes visiblement excellents... Soyons clairs : le heavy metal de Volbeat n'a rien d'original en soi, et le chant de Michael Poulsen est parfois très agaçant, mais... Ça claque sur la grande scène quand même. Les pieds sur les retours, les guitares ou la basse à la verticale, la grimace facile, on remercie le guitariste Rob Caggiano d'avoir fait le show et Anders Kjølholm d'être l'ancien bassiste d'Anthrax.
Foster The People
Ah ah. Groupe à minettes puant et gominé qui se regarde jouer et porte des guitares autour du cou pour faire joli. Un drame musical, que seul "Pumped Up Kicks" suffit à prouver.
Et dire qu'au même moment, Goat sévissait sur la Loggia... Cruelle erreur d'appréciation de ma part.
Robert Plant and The Sensational Space Shifters
Je m'abstiendrai de présenter Robert Plant qui, en tant que mythe vivant car chanteur des feu Led Zeppelin, n'a pas besoin d'être présenté mais seulement admiré, idolâtré, vénéré, et j'en passe et des meilleures. On parque les photographes de droite et de gauche de la fosse, on attend fébrilement, il arrive, on maudit ce pied de micro en plein milieu de notre cadre, on entend "Baby I'm gonna leave you" et voilà. Ce sera comme ça jusqu'à la fin. Je veux dire : incroyable. Tu fermes les yeux et tu images Jimmy Page pas loin. La voix de Plant est radicalement intacte. Tout le monde retient tout son souffle tellement le moment est grand et solennel et important et biographiquement historique pour chacun de nous. Tout change : le ciel, l'ambiance, l'atmosphère, la vision des autres.
On se permet – en vérité, car on ne peut faire autrement – de quitter le site avant même que les Black Keys entrent en scène. On rate les fous de Ghost, et on les regrette déjà photographiquement parlant. Sur le chemin du retour, bercée par les méandres d'une autoroute vide, on délibère : on remercie Catherine et Marion qui depuis quatre ans nous permettent de vivre ça. On se dit qu'on a vu mieux au Malsaucy, niveau ambiance et musique, mais qu'il faut parfois des demi-teintes pour mieux aimer les éditions à venir. On en conclut, un peu amère, qu'il va peut-être falloir racheter des bottes et un nouveau boîtier (hum). On espère y être l'année prochaine, quand même. Sans pluie, par pitié. |