Alors que Paris connaît enfin la sensation de chaleur de l'été, le soleil darde sur le parvis de l'Hôtel de Ville parisien, sur lequel trône la scène du festival Fnac Live.
Le public afflue lentement, de minute en minute, jusqu'à remplir tout l'espace. Familles, couples, enfants, bandes de copains s'installent dans une ambiance décontractée, certains sur des plaids pour l'apéro dînatoire, d'autres les gambettes dans l'eau des fontaines.
Le festival Fnac Live s'apprête à vivre sa quatrième édition. Du 17 au 20 juillet vont se succéder en plein Paris et gratuitement de multiples artistes pour le plus grand plaisir du public. Un cadre de rêve et une programmation hétéroclite : c'est parti pour 4 jours intenses en musique.
Jour 1 - Côté Salon
Côté salon, c'est le chanteur Christophe qui a le plaisir de jouer dans le prestigieux salon de l'Hôtel de Ville. Sous les plafonds dorés et les lustres en cristal, l'artiste reprend devant les spectateurs assis ses plus grands succès. Seul, accompagné de son piano, le spectacle est sublime.
Jour 1 - Côté Parvis
Cette première journée sera placée sous le signe des Chedid. A commencer par la découverte d'Anna Chedid alias NACH et fille du fameux Louis. Chanson française exécutée en toute simplicité. Certes, le projet est encore naissant, mais le talent est là, bien mature. Sur scène, NACH occupe l'espace, sa voix et son piano font le reste. Les textes sont beaux, la recette semble fonctionner sur un public conquis. Une vraie découverte, NACH est une fille à suivre.
Lui succèdent les anglais d'Arthur Béatrice avec leur pop entraînante qui, malgré la chaleur, font réagir le public. Balades acidulées et mouvements de danse chaloupés ne faiblissent pas et nous emportent un peu plus loin dans la soirée.
18h50 : sous une chaleur toujours aussi intense, MØ et son électro-pop insufflent un vent frais à la foule toujours plus grande.
20h : Julien Doré entre en scène. Sa prestation reprend son dernier album LOVE, sans oublier ses premiers succès, le public comptant visiblement de nombreux fans.
Les novices ont quant à eux l'occasion de découvrir son côté dandy et showman : conversations intimes avec le public, traversée de la foule jusqu'à l'escalade de la régie, pour couvrir le public de confettis… un régal.
La journée s'achève par la prestation démente de Matthieu Chedid. Des chansons de son répertoire aux medleys instrumentaux de succès planétaires ("Can't touch this", "Jump around"…), -M- a su trouver la recette magique. Mention spéciale pour ses solos de guitare époustouflants que ce soit d'une main agile ou avec ses dents, debout sur les crash barrières, sur scène ou encore porté par le public, nous rappelant par-ci un Jimmy Hendrix, par-là un Peter Frampton… historique. Les 30 000 personnes présentes ce premier soir s'en souviendront longtemps.
Jour 2 - Côté salon
Arthur H, seul au piano, a envoûté le salon ce deuxième jour avec la reprise de son dernier album L'Or Noir d'Eros, n'oubliant pas les titres phares de sa carrière. Le public, fin connaisseur, est transporté dans cette cathédrale improvisée.
Emily Loizeau lui succédera quelques minutes plus tard.
Jour 2 - Côté parvis
Un programme bien rempli pour ce deuxième jour du Fnac live. Soleil de plomb et musique sont au rendez-vous. Sur scène, les facétieux Two bunnies in love investissent la place et posent une ambiance pop-rock dynamique tout en happant le public.
C'est ensuite au tour des Glass Animals, très efficaces, qui distillent une pop rêveuse aux nappes musicales douces et fraîches.
19h : La Femme entre en scène pour électriser la foule avec son tube "Sur la planche". Là encore, le public se déchaîne sous les synthétiseurs du groupe français.
C'est ensuite l'heure pour le groupe Breton, fort de son succès de l'album War room stories de s'emparer avec élégance de cette scène Fnac live.
Suite à une longue tournée passée par le Printemps de Bourges, la maturité a gagné le groupe. Belle ambiance, belles compositions, les gens chantent, dansent : pari gagné pour ces jeunes qui offrent un live digne des plus grands.
Et justement, le grand de la soirée de ce vendredi, c'est bien Gaëtan Roussel, ce colosse de la chanson française au pied d'argile ce soir là, victime d'une rupture du talon d'Achille après une mauvaise réception sur un saut lors du concert. Mais Monsieur Roussel n'a pas vacillé et a offert malgré la douleur un show digne de sa carrière : formidable.
C'est Pedro Winter, DJ émérite et multi-fonctions (manager, directeur artistique, producteur, fondateur du label électro Ed Banger) qui s'empare des platines pour clôturer la soirée.
La House Music a vu cette année disparaître son père (Franck Nukles) mais elle n'est pas morte avec lui, le set de Pedro Winter & friends en fut la preuve, transformant le parvis de l'Hôtel de Ville en dancefloor.
Jour 3 - Côté parvis par-ci, côté salon par là où il fait bon
Ce troisième jour, à nouveau caniculaire, nous incite à fuir dans les salons à peine plus tempérés.
Jeanne Cherhal entre en scène sourire aux lèvres, rondeurs devant : la belle attend un heureux événement. Comme à son habitude, la future maman est venue avec son humour et sa bonne humeur. Le concert, presqu'à huis clos, est une merveille. Nous ne perdrons pas une miette du concert, dont la couleur est annoncée d'emblée : " quelle chance pour moi de pouvoir le jouer (ndlr : son album) dans d'aussi bonnes conditions". Jeanne Cherhal incarne à la perfection la classe féminine de la chanson française. On prendrait bien des cours particuliers.
Sur le parvis, nous découvrons le groupe Moodoïd, venu présenter son EP éponyme empli de pop psychédélique.
Quelques fans sont collés devant la scène, le visage maquillé de paillettes comme les membres du groupe. Un joli moment pour ce phénomène que l'on espère voir grandir encore longtemps.
Quelques instants plus tard, la rockeuse Mademoiselle K qu'on ne présente plus, débarque comme un boulet de canon. Impressionnante, grande, lookée et guitare en bandoulière, elle entonne les titres de son nouvel opus dans la langue de Shakespeare.
Une nouvelle orientation artistique qui déplaira à certains et en ravira d'autres. Après nous avoir un peu désorientés, nous retrouvons néanmoins sa gouaille habituelle, même en anglais. La suite du concert, en français, fait sauter le public de joie. Mademoiselle K n'a donc pas perdu tous ses fans en cours de route.
La soirée, décidément très éclectique, fait ensuite place à des groupes à la musique bien plus "urbaine". A commencer par L'Entourage. Malgré deux estropiés, les membres de ce collectif hip-hop ont su faire partager leur énergie à une place de l'Hôtel de Ville bondée. Une petite déception néanmoins, cette prestation étant un peu brouillon comparée à celles qu'on leur connaissait.
Le duo des Casseurs Flowters prend le relai. Un humour à toute épreuve pour les rappeurs Gringe et Orelsan. Une parenthèse réussie pour ces deux génies du rap, qui ont prouvé une fois de plus qu'ils manient la plume et le flow avec classe et précision. De la jeune ado boutonneuse au cinquantenaire du 16ème arrondissement, le public était visiblement connaisseur, reprenant à tout-va les paroles des deux lascars.
C'est à Fauve que revint le privilège de clôturer la soirée. Très convoité, ce collectif dans l'écriture était attendu au tournant. Un chanteur à la voix aussi familière que "prenante", des textes qui racontent nos vies dans leurs aspects les plus crus, les plus terribles et parfois le plus beaux. "Sainte-Anne", "L'infirmière", "Voyou", "Les Nuits Fauves" ou encore "Blizzard"… qui, ce soir-là, ne connaissait pas les paroles ? Avoir le sentiment que chaque chanson a été vécue par toi, par moi ou encore par lui… ça sort des tripes, ça nous transporte, ça nous fascine. Une très belle prestation qu'on aurait bien prolongé encore et encore jusqu'au bout de la nuit.
Jour 4
Ce dernier jour est un dimanche pluvieux avec, au programme soul, jazz et romantisme. Malgré un temps à rester chez soi, le public est là et nous aussi ! Côté Salon, c'est Nosfell qui ouvre le bal tout en douceur. Textes ronds et durs, beaux et doux, l'artiste fait un sans-faute. Intime, discret… le plaisir est total.
Côté parvis, Kid Wise entame la soirée. Découverts à Bourges cette année, nous retrouvons leur rock rageur teinté de trip-hop avec une belle énergie, touchante d'authenticité. Les petits gars de Kid Wise ont su réveiller tout le monde !
La délicieuse et vigoureuse Mina Tindle leur enchaîne le pas, présentant en avant-première son nouvel album Parades.
Une émotion particulière que de découvrir un album en live. Sonorités transversales, chamarrées voire exotiques, un bel instant avant l'arrivée de Gregory Porter.
Très attendu, ce jazzman américain est un amoureux de Paris. Produit sur le label Blue Note (qui fête ses 75 printemps cette année), son album Liquid Spirit fut récompensé récemment d'un Grammy Award. Générosité, classe et voix d'or, le public est hypnotisé et on le comprend ! Les musiciens qui entourent le ténor sont en osmose et l'on retiendra la prestation sans faille de son saxophoniste.
Place ensuite à Ben l'Oncle Soul. Déjà bien connu du public français, les fans de la première heure sont là. Avec un univers plus accessible que Gregory Porter, il nous fait partager les titres qui firent sa renommée. Peut-être avec une préférence pour ses titres en anglais, où il semble être plus à l'aise. Ses musiciens sont survoltés, comme ses deux choristes en costume bleu qui viennent chercher le public dès qu'ils le peuvent. Ledit public, euphorique et au soutien indéfectible, qui ne cessera de se déhancher jusqu'à la dernière seconde. Un bon moment qui nous ramena le soleil le temps de quelques chansons.
Un dernier "grand" pour clôturer la soirée mais aussi le festival : Bernard Lavilliers. Bernard, ce baroudeur au grand coeur, qui réunit les genres et les générations. Revisitant élégamment sa discographie, le public averti reconnaît déjà les titres de son nouvel album. Bien évidemment, les classiques sont aussi de rigueur comme "Les idées Noires", "On the Road again" et pour notre plus grand plaisir, "Stand the Ghetto". En plus de voir la foule danser, ce dimanche vit s'esquisser de nombreux sourires sur les visages des passants. Merci Monsieur Lavilliers, quel show !
Ainsi s'achève cette quatrième édition du festival Fnac Live, un peu particulière puisqu'elle ponctuait les 60 ans des agitateurs de talent.
Un festival qui a également le privilège de se tenir en plein coeur de Paris, détail mis en avant de nombreuses fois par les artistes présents, ne cessant de rappeler au public à quel point ces moments sont uniques. En dehors du Salon qui reste "réservé" aux spectateurs qui auront pensé à retirer leurs places dans les FNAC de la ville (question de logistique ?), aucune fausse note à relever. C'est avec impatience que l'on attend désormais la cinquième édition ! |