Il y a encore près d’un an, Brooke Candy n’était encore qu’une inconnue. Ou pour être plus précis, une stripteaseuse, un peu freak sur les bords et gravitant autour du non moins étrange Ssion. Puis après une apparition remarquée dans un clip de Grimes, tenue de guerrière et épée en main, le monde fut réellement introduit à cette artiste quelque peu dérangeante. Enfin, c’est aux côtés de Charli XCX, sur la mixtape SUPER ULTRA que Brooke réapparaît et pose un couplet de rap au sens équivoque sur le titre "Cloud Aura". Dès lors, les critiques fusent et tentent de réduire Brooke Candy à une artiste seulement capable de jouer de son corps.
Mais voilà, l’artiste n’a pas sa langue dans sa poche, est plutôt bien entourée (Papa est patron du Hustler Casino) et peut se prévaloir, il faut le reconnaiîre, d’un flot qui n’a rien à envier à une Iggy Azalea ou au fessier de Nicki Minaj.
Voilà deux comparaisons, un minimum réductrice et ne rendant clairement pas justice à Brooke Candy et à son premier EP, Opulence. Long de 5 pistes, celui-ci aligne sans embarras toute la panoplie typique au monde du rap : une iconographie sexualisée avec le miroir de Vénus, quelques triangles bien placés (pour faire jazzer les adeptes des Illuminatis du rap) et beaucoup de dorure. Autant dire que Brooke Candy sait où elle met les pieds !
Musicalement, la surprise est au rendez-vous. Non seulement la production bien qu’un peu datée est très respectable, mais elle réussira même à provoquer les pas de danses escompter. Le titre éponyme "Opulence" posera les bases d’un rap gangsta et très jouissif que l’on retrouvera également sur "Pop Rock" et sa mélodie en 8-bits et sur "Feel Yoursel (Alcohol)".
La jouissance est d’ailleurs une notion clef dans l’univers de Brooke Candy qui ne se refuse rien, que ce soit en terme matériel ou charnel ! Si les paroles ne volent pas toujours très haut ("hey boy, I wanna taste your candy"), elles ont pour mérite d’être explicites et de ne pas vouloir buzzer en stigmatisant une population donnée. Comprendre que Brooke Candy, freak sur les bords, joue sur une iconographie très proche des clubs kids de Micheal Alig et va jusqu’à détourner le mot "Fag" (NDLR : "pédale") pour en faire une notion d’embrigadement positif en le transformant en "Fagmob".
Le clou est définitivement planté avec le clip "Opulence" réalisé par Steven Klein qui, avant même de mettre en image une artiste hyper sexualisée, définit les bordures du monde de Brooke Candy entre freak show tiré d’un cirque du XIXème siècle et descente aux enfers causée par l’argent. Deux choses que la rappeuse ne peut nier connaître. |