Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Festival La Route du Rock #24 (jeudi 14 août 2014)
Angel Olsen - The War On Drugs - Kurt Vile & The Violators - Real Estate - Thee oh Sees - The Fat White Family - Caribou  (Fort de Saint-Père, Saint-Malo)  du 14 au 16 août 2014

Il est 1h du matin, Cheveu vient de terminer un concert apocalyptique d’une violence incroyable. Après trois jours d’un festival qui ne nous aura rien épargné, sauf les grandes chaleurs, le public aura trouvé encore l’énergie de tanguer au rythme de la folie communicative du groupe français. Il faut dire que Cheveu ne s’économise pas et sa musique devient une claque, non un coup de poing. L’ambiance malsaine qui règne depuis le début de l’après-midi, les corps ivres, hagards qui traînent dans le fort de Saint-Père se transforment en marionnettes manipulées par l'électro punk du groupe français. Tout n’est plus que sauvagerie, férocité. On danse, on chaloupe. Les corps se cognent. On n’en attendait pas moins d’eux. Le tout est enrobé par l’humour au centième degré de David Lemoine. C’est totalement jubilatoire. Enorme. Impossible après d’aller écouter le Dj set de Jamie XX ou Todd Terje, véritable anachronisme tant la musique du norvégien correspond plus pour moi à la parfaite bande sonore d’une sieste arrosée au Campari face à une piscine.

Ici se termine cette édition 2014 de la Route du Rock. Je suis fatigué. Mes oreilles et mes jambes sont en miettes. Mes bottes me font mal. C’est le cœur et la tête pleine de souvenirs que je rejoins un parking enfin praticable. Les jours précédents, les parkings ressemblèrent au terrain d’épreuve du Paris-Dakar. Une pensée en signe de majeur dressé bien haut aux cinq connards sur le parking qui se sont bien foutu de moi quand ma voiture s’est embourbée. Arrivé sur mon lieu de villégiature, je préfère la plage à mon lit pour repenser à ces trois jours et au sourire de Rachel Goswell qui ne me quitte plus depuis le vendredi. Trois jours faits de plaisir, de pluie, de surprises, de boue, de superbes rencontres et surtout de musique.

Be Kind, rewind…

Jeudi 14 août 2014. 16h30. Il fait beau. Parce qu’après la pluie, le beau temps. C’est la première fois que je viens à la Route du Rock. Mais à force d’en entendre parler, j’ai l’impression de m’y sentir comme à la maison. La Route du Rock, c’est une grande et belle famille, une messe, presque un passage obligé quand on aime ce genre de musique. On m’avait prévenu, prends tes bottes. Le site n’est qu’un vaste marécage, et les multiples averses le transformeront en une sorte de mangrove bretonne. Qu’importe le temps, pourvu que l’on ait l’ivresse.

Il n’est jamais facile de jouer en premier dans un festival. Angel Olsen malgré les conditions climatiques et face à public plus ou moins clairsemé en fonction de la pluie assurera largement et nous montrera que lors de cette première journée, les plus beaux concerts auront lieu sur la petite scène. Sourire aux lèvres, serviette éponge sur la tête, radieuse, Angel Olsen aura été un véritable rayon de soleil. Nous succomberons donc au charme de cette musique folk oscillant entre introspection et moment plus rock minimaliste, assez proche des versions du disque. Un moment fragile et envoûtant.

Presque tout l’inverse de The War On Drugs. Ce n’est pas que l’on n’aime pas le classic rock de Lost In The Dream, le dernier album du groupe de Philadelphie, au contraire, mais là sur scène la sauce ne prend pas vraiment. Le public est mollasson (et le restera en partie tout du long du festival mais cela est un autre sujet…) et Adam Granduciel et ses musiciens semblent jouer avec des pincettes. Cela commence pas trop mal, c’est propre, plutôt joué et interprété correctement, mais petit à petit l’intérêt s’amincit, les titres semblent s’allonger et se ressembler jusqu’à l’ennui. Le son largement approximatif n’arrangeant strictement rien. On commence à bailler, même sur des titres comme "Red Eyes" et à se demander si l’appellation de Dire Straits de l’indé persiflée ici ou là n’est pas justifiée. Dommage.

Oui d’autant plus que Kurt Vile (et ses Violators, ancien camarade de jeu de Granduciel) ne fera pas beaucoup mieux. Pourtant, on l’attendait avec impatience. Trop timide, presque pataud, Kurt Vile commence plutôt mal son concert. On ne comprend plus grand-chose à son folk rock contemplatif et un poil psyché. Les guitares se prennent les pattes dans les solis, ratent "Waking On A Pretty Day". L’intensité est aussi plate que l’encéphalogramme de Nadine Morano. Une nouvelle fois, l’ennui pointe le bout de son nez. "Freak Train" ne change rien à l’affaire, ni "KV Crimes" ou "Girl Called Alex" d’ailleurs. La scène principale est bien trop grande pour lui et on se dit que sur la scène des remparts, il aurait été peut-être plus à son aise. Ah ! Adam Granduciel a rejoint le petit monde sur scène, mais tout cela reste aussi plat… On assiste au ballet du changement de guitares (entre électrique et acoustique) que Kurt Vile utilise pour chaque chanson, seul point amusant, c’est dire, du concert. Et puis Kurt Vile termine seul sur scène son concert et enfin on commence à entendre de la musique, enfin il se passe quelque chose… mais las, il est trop tard. Une drôle d’impression nous envahit. L’entrain des débuts a pris un sérieux coup dans l’aile. Les botes deviennent lourdes. Heureusement, il y a Real Estate.

Terminé la grise mine. Au loin (ou presque) la pluie. Tout cela est balayé d’une main de maître par la sunshine pop de Real Estate. Les étoiles brillent sous la maestria du groupe qui nous a délivré avec Atlas, l’un des meilleurs disques de cette année 2014. C'est simple, beau et foutrement efficace. Les américains, qui ne jouent pas en faisant la gueule ce qui nous change un peu, nous enveloppent de douceur, et font raisonner avec talent leur superbe pop mélodique. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas puisque c’est la première fois qu’on le voit sourire, oserais-je même s’émerveiller ? "Talking Backwards", "Easy", "April’s son" ou encore par exemple "Had To Hear" sont les premiers grands moments du festival, mais le concert dans son entier (et ce, malgré quelques problèmes de son et une guitare out) est une bulle d’oxygène et un véritable moment de bonheur. A la délicatesse devait suivre la furie.

C’est donc au tour des Thee oh Sees de nous en mettre plein les oreilles. Nouveau line up resserré en trio autour de John Dwyer pour ce qui semble être la dernière tournée du groupe. On ne peut attendre que du bon de ce groupe garage rock psyché à la discographie pléthorique et surtout comptant aussi peu de déchets. Pourtant à la fin, c’est avec un avis mitigé que l’on ressort du concert. Déjà à cause du son catastrophique qui transforme tout en magma sonore inaudible, à un Dwyer qui semble particulièrement agacé (on le comprend) et à un set trop vite expédié (40 minutes sèches) et dont on ne comprendra pas tout.

Pourtant, tout n’est pas à jeter loin de là ! Déjà le groupe dans son entier joue comme des dingues. Dwyer est une boule d’énergie mais les autres musiciens ne sont pas en reste. Ca cogne, ça électrise, c’est nerveux et brûlant à souhait. Le batteur frappe comme un dingo et le bassiste assure. Et Dwyer fait son Dwyer. Il se donne presque sans compter, sans temps mort ni respiration, hurle, malmène sa guitare. On enrage de ce son qui n’est pas à la hauteur de la musique du groupe, de ne pouvoir apprécier pleinement les bombes que sont "I Come From The Mountain", "Tunnel Time", "Tidal Wave", "Encrypted Bounce" ou "Dead Energy", et de ne rien comprendre à deux titres (inédits ou jam… ?).

On ira oublier cette semi déception avec la bande de branleurs de la Fat White Family pour un concert haut en couleur et une belle découverte. On assiste à un joyeux bordel organisé, à du rock branleur, massacré plutôt que joué, à un grand n’importe quoi mis en scène de main de maître par le très iguane Lias Saoudi. Cela n’a rien d’exceptionnel ni de très novateur, il y a de fortes chances que l’on ne parle plus du groupe dans 6 mois, mais les organisateurs ont eu l’intelligence de les booker maintenant. C’est fou fou et drôle, sale et méchant et assez efficace pour nous faire oublier la pluie et la boue. C’est déjà pas mal. "Is It Raining In Your Mouth" (d’occasion donc), "Touch The Leather" ou encore "Bomb Disneyland" deviennent alors des hymnes de rock malsain et crade comme il faut à ranger pourquoi pas entre The Cramps et The Fall.

Une heure du matin, j’ai passé l’âge de guincher en bottes dans la boue, désolé pour Caribou que j’écouterai de loin. A ce que j’entends, le set est particulièrement dansant, Dan Snaith maîtrisant particulièrement son sujet électro pop. Les nouveaux "Can’t Do Without You" ou "Our Love" s’harmonisent parfaitement avec les excellents titres que sont "Sun", "Odessa" ou "Bowls". En ce qui concerne "Darkside", l’écoute se fera d’encore plus loin, une dernière averse ayant raison de mes forces (on peut être né à Charleville-Mézières, à un moment trop de pluie tue la pluie….) et c’est en patinant et en jouant joyeusement (ou pas) à Hubert Auriol que je quitte le parking. Demain est un autre jour…

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Burn Your Fire For No Witness de Angel Olsen
La chronique de l'album My Woman de Angel Olsen
Angel Olsen en concert au Grand Mix (mardi 3 juin 2014)
Angel Olsen en concert au Festival La Route du Rock #27 (édition 2017)
La chronique de l'album Slave Ambient de The War on Drugs
La chronique de l'album Diary de Sunny Day Real Estate
La chronique de l'album Days de Real Estate
La chronique de l'album In Mind de Real Estate
La chronique de l'album A Weird Exits de Thee Oh Sees
Thee oh Sees en concert au Festival Art Rock 2012 - vendredi, samedi et dimanche
Thee oh Sees en concert au Festival Les Eurockéennes de Belfort #24 (2012) - samedi
Thee oh Sees en concert au Grand Mix (dimanche 19 mai 2013)
Thee oh Sees en concert au Festival Rock en Seine 2014 (samedi 23 août 2014)
The Fat White Family en concert au Festival Les Eurockéennes de Belfort #26 (édition 2014) - vendredi
The Fat White Family en concert à Music Festival Reims La Magnifique Society #3 (édition 2019) Vendredi 14 juin
La chronique de l'album Swim de Caribou
La chronique de l'album Bento Presto de Caribou Bâtard
Caribou en concert au Festival La Route du Rock 2008 Collection Hiver
Caribou en concert au Festival La Route du Rock 2010 (vendredi)
Caribou en concert au Festival Radar 2010 (6ème édition)

En savoir plus :
Le site officiel du Festival La Route du Rock
Le Myspace du Festival La Route du Rock
Le Facebook du Festival La Route du Rock

Crédits photos : Jasmina Vulic


Le Noise (Jérôme Gillet)         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :


# 29 septembre 2024 : On se réchauffe l'esprit

Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.

Du côté de la musique :

"En songe, Solovoice 1" de Anne Warthmann
"Broadway rhapsody" de Cyrille Dubois & Ensemble ArteCombo
"Rachmaninoff for two" de Daniil Trifonov & Sergei Babayan
"Heart starter" de Last Temptation
"L'alto lyrique" de Loan Cazal
"Avanti" de Malice K
"Virtuosi" de Romain & Thomas Leleu
"The first exit" de Tramhaus
Nouvelle saison du Morceau Caché ! premier épisode "Passerelles, Partie 2"
et toujours :
"Sula Bassana" de 20Syl et Christophe Panzani
"And then winter came again" de Francesco Bearzati & Federico Casagrande
"Little bit of soul" de Little Odetta
"Free fall" de Nairam
"Chamber songs" de We Hate You Please Die
"Luck and strange" de David Gilmour
"Trénet en passant" de Guillaume de Chassy
"Happenings" de Kasabian
"Talkie talkie" de Los Bitchos
"Born horses" de Mercury Rev
"Moon Mirror" de Nada Surf
"And the lord don't think I can handle it" de The Silver Lines

Au théâtre :

"Variations Pirandelliennes" au Théâre de Poche Montparnasse
"Dany Parmentier, gourou" au Petit Palais des Glaces
"Formica" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
"Les liaisons dangereuses" à la Comédie des Champs Elysées
"Lettres d'excuses" au Théâtre Le Lucernaire
"The loop" au Théâtre des Béliers Parisiens
"Sur tes traces" au Théâtre de La Bastille
"L'art de ne pas dire" au Théâtre Saint-George
"Belvédère" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"La longue route" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Les marchands d'étoiles" au Théâtre Le Splendid
"Rentrée 42 Bienvenue les enfants" au Théâtre Comédie Bastille
des reprises :
"Frida" à la Manufacture des Abbesses
"La parure" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Looking for Jaurès" au Théâtre Essaïon
"Pourquoi Camille ?" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Van Gogh, deux frères pour une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Glenn naissance d'un prodige" au Théâtre Montparnasse
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Gisèle Halimi, une farouche liberté" au Théâtre La Scala
"L'odeur de la guerre" au Théâtre La Scala
"Le premier sexe" au Théâtre La Scala

Du côté de la lecture :

"Les voisins" de Diane Oliver
"18 Barnfield hill" de Robert Goddard
"Histoire de l'Europe, Tome 1" de Violaine Sebillotte Cuchet
et toujours :
"Only lovers left alive" de Dave Wallis
"Amours manquées" de Susie Boyt
"Blackouts" de Justin Torres
"Emanciper ou contrôler" de Pascal Clerc
"Le débarquement de Provence" de Claire Miot
"Les présences imparfaites" de Youness Bousenna
"Seul restait la forêt" de Daniel Mason
"Après ça" de Eliot Ruffet
"Archipels" de Hélène Gaudy
"Dogrun" de Arthur Nersesian
"Le syndrome de l'Orangerie" de Grégoire Bouillier
"Les âmes féroces" de Marie Vingtras
"Les deux visages du monde" de David Joy
"S'aimer dans la grande ville" de Sang Young Park
Nos polars de l'été :
"7m2" de Jussi Adler Olsen
"La meute" de Olivier Bal
"Les effacées" de Bernard Minier
"Norferville" de Franck Thilliez

Il est toujours temps d'aller au cinéma ou regarder un bon film :

nouveauté :
"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

"Gondola" de Veit Helmer
"Aventurera" de Alberto Gout
"Karmapolice" de Julien Paolini
un DVD avec "Berlin boys" de David Wnendt
"Saravah" de Pierre Barouh
"La récréation de juillet" de Pablo Cotten et Joseph Rozé
"El profesor" de Marie Alché & Benjamin Naishtat
"Six pieds sur terre" de Hakim Bensalah
"Nouveau monde" de Vincent Capello
et toujours :
"La Gardav" de Thomas et Dimitri Lemoine
"Heroico" de Davis Zonana
"Roqya" de Saïd Belktibia
"L'esprit Coubertin" de Jérémie Sein

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=