Comédie dramatique de Joëlle Fossier, mise en scène de Frédérique Lazarini, avec Guillaume Bienvenu, Stéphane Douret, Denis Laustriat et Frédérique Lazarini.
"Sugar" est le surnom intime de William consumé par un amour passionnel pour Georges. Au bout de cinq années de liaison le jeune homme hypersensible, excessif, possessif et exclusif, sombre dans un état dépressif ne supportant plus cette situation. I
Il veut sortir de l'ombre du "ghetto" homosexuel et surtout que Georges lui donne une preuve d'amour qui se matérialise par une vie de couple officielle, aspiration à la normalité bourgeoise diront d'aucuns, impliquant un engagement officialisé. Or, Georges, notable marié et père de famille, peine à assumer cette homosexualité à la révélation tardive et à bouleverser un ordre établi.
Nonobstant une virulente scène cathartique d'homophobie primaire, la partition de Joëlle Fossier ne débat pas sur le fond d'un fait sociétal qui a connu son acmé avec la récente réforme de l'institution du mariage en l'autorisant aux personnes de même sexe.
Elle raconte tout simplement, avec un réalisme policé, sensibilité et pudeur réunies, une histoire d'amour en déclinant au masculin la thématique classique du "back-street" sous forme d'un huis-clos qui se déroule sous le regard d'une femme compréhensive, attentive et maternelle.
La mise en scène assurée par Frédérique Lazarini également au jeu dans le rôle de la soeur de William, infirmière à l'hôpital comme dans la vie, est cohérente avec l'écriture de Joëlle Fossier.
Stéphane Douret vêtu "Gay Marais" campe donc de manière inattendue le voisin "dieudonniste" et Denis Laustriat, beau quadragénaire aux cheveux argentés, apporte une désarmante fragilité au personnage de Georges.
Axée sur le personnage-titre, la partition est portée par Guillaume Bienvenu formé notamment au Cours Jean-Laurent Cochet, aussi à l'aise dans les pièces du répertoire que dans le théâtre contemporain, dont la finesse de jeu, en l'espèce à fleur de peau et d'âme, est toujours remarquée et qui, au gré des rôles, s'affirme comme un beau talent. |