Réalisé par Brett Ratner. Etats Unis. Peplum. 1h38 (Sortie le23 août 2014). Avec Dwayne Johnson, Rufus Sewell, Aksel Hennie, Ingrid Bolso Berdal, Ian McShane, Joseph Fiennes, John Hurt et Irina Shayk.
Alors que les "musclors" hollywoodiens, toutes générations confondues sous la houlette de l'ancêtre vivant, le presque septuagénaire Sylvester Stallone, jouent du coude au générique du énième épisode du blockbuster "Expendables" projeté dans la salle voisine, Dwayne Johnson, alias "The Rock" ex-catcheur plusieurs fois champion du monde poids lourds, fait bande à part.
Ainsi, il caracole en solitaire haut de l'affiche d'un "sword & sandals" sobrement intitulé "Hercule" réalisé par Brett Ratner qui satisfait aux codes du peplum classique, un des premiers genres cinématographiques qui connut son âge d'or dans les années 1950 et connut une longue traversée (critique) du désert le reléguant à Nanarland avant, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, de devenir culte.
En effet, adapté d'un roman graphique du scénariste de comics Steve Moore qui revisite le mythe du demi-dieu à l'aune du super-héros, "Hercule" est essentiellement un film d'aventure à grand spectacle, avec moult effets spéciaux, magnifié par le directeur de la photographie Dante Spinotti , dont le point d'orgue est constitué par les scènes de bataille.
Toutefois, il possède plusieurs valeurs ajoutées, concourant à lui conférer une certaine originalité et un style hybride, qui tiennent, outre à la mise en abyme athéiste du mythe, aux résurgences d'un filigrane parodique qui se matérialise également par des décors de style pompier orchestré par Jean-Vincent Puzos, et à l'hybridation avec l'iconographie de l'heroic fantasy avec les superbes costumes de Jany Temime.
Le héros n'est donc qu'un homme dont les qualités exceptionnelles, tant physiques que morales, lui permettent de se forger un destin hors du commun qui sera érigé en légende véhiculée par les conteurs, des aèdes aux griots avec ce que cela implioque de re-création fabulatoire et, par ailleurs, le film de Brett Ratner sort des sentiers battus de l'hagiographie herculéenne relatant les exploits du jeune fils de Jupiter. D'ailleurs, cet Hercule n'est pas un demi-dieu mais un enfant abandonné et éduqué par l'armée qui en a fait un militaire émérite.
Certes, il est devenu, par ses exploits, les fameux travaux au demeurant évacués in limine sous forme de brefs flash-backs, une légende de son vivant mais également un homme déchu, convaincu d'avoir tué sa femme et ses enfants, et a été banni d'Athènes.
Et Brett Ratner montre un Hercule quadragénaire, qui n'a plus rien à prouver ni plus rien à perdre, reconverti en mercenaire qui sillonne la Grèce avec une petite équipe de fidèles composée de son frère d'armes (Rufus Sewell), de son neveu conteur (Reece Ritchie), de la dernière amazone (Ingrid Bolso Berdal), d'un enfant polytraumatisé recueilli sur un champ de batailles devenue une machine à tuer (Aksel Hennie) et d'un oracle (Ian McShane irrésistible) qui s'avère meilleur conducteur de char de guerre équipé de palettes tranchantes que devin.
Le coeur de l'action est constituée par son intervention, commanditée par un roi dépourvu de troupes (belle composition de John Hurt en vieillard cacochyme, machiavélique et mégalomaniaque), dans la guerre civile qui ravage la Thrace.
Et alors, en bon faiseur, Brett Retner embraye sur ce en quoi excellent les Américains, à savoir l'exaltation des valeurs guerrières pour faire respecter le droit et la justice, tels la bravoure et le sens du sacrifice au nom du peuple souverain pour garantir son droit à l'autodétermination, et des valeurs humaines que sont le courage, la bravoure et le dépassement de soi qui permettent à l'homme d'accéder à une immortalité historique.
Revêtu des attributs du lion de Némée, Dwayne Johnson, alias "The Rock", ex-catcheur plusieurs fois champion du monde, 1m92 pour 120 kilos de muscles gonflés et veines apparentes, se taille la part du lion (sic) et c'est avec son fameux gourdin néandertalien, une massue agrémentée des terribles crocs du fauve précité, qu'il monte à l'assaut.
Plus showan qu'Actors Studio, il ne verse pas dans le psychologisme introspectif mais son jeu monolithique, avec gros plans sur son regard "insondable", convient à un opus qui remplit son cahier des charges. |