Réalisé par Matthew Warchus. Grande Bretagne. Comédie. 1h57 (Sortie le 17 septembre 2014). Avec Bill Nighy, Andrew Scott, Dominic West, Imelda Staunton, Joseph Gilgun, George Mackay, Ben Schnetzer, Jessica Gunning, Jessie Cave, Paddy Considine et Freddie Fox.
La lecture du synopsis de "Pride" réalisé par Matthew Warchus - un petit groupe LGBT organise des collectes pour soutenir les mineurs en grève - suscitera sans doute un sourire goguenard chez d'aucuns qui railleront l'imagination de fabuliste du scénariste Stephen Beresford.
Et pourtant, le film s'inspire de faits réels certes déjà "vieux" de trois décennies, la préhistoire pour certains, qui se sont déroulés en Angleterre en 1984, sous le gouvernement Tatcher qui a liquidé l'insdustrie britannique au nom de l'ultralibéralisme, lors de la longue et vaine grève des mineurs.
Jeune homosexuel à la fibre militante, Mark Ashton (Ben Schnetzer) convainc ses amis, un couple homosexuel, Gethin (Andrew Scott) et Jonathan Blake (Dominic West), Mike Jackson le logisticien (Joseph Gilgun), le "migon" Jeff (Freddie Fox), la lesbienne pink Zoé (Sophie Evans) et Joe (George Mackay) un lycéen à la sexualité encore non déterminée, de constituer le groupe LGSM (Lesbiennes et gays soutenant les mineurs).
Forts de leur première campagne de dons, et après le refus des syndicats des mineurs d'accepter les fonds récoltés, ils s'adressent directement à la base en choisissant au hasard un petit village gallois.
Quand la joyeuse bande de petits loulous urbains exubérants débarque dans leur pétadarant et coloré van dans un village gris, triste et d'apparence désert au milieu d'une communauté d'ouvriers virils et machistes, c'est le choc des cultures qui finirait mal n'était l'existence de la tradition et réputation d'hospitalité galloise que rappellent les femmes.
Car, nonobstant les manoeuvres de l'irréductible puritaine homophobe, c'est sous l'impulsion des femmes, dont l'épouse brimée Siân James, personnage réel qui deviendra député, (Jessica Gunning) et la "grande gueule" locale (Imelda Staunton) relayée par l'action d'un mineur Dai Donovan (Paddy Cinsidine) et d'un vieux mineur homosexuel refoulé (Bill Nighy) que tous se rapprochent autour du dénominateur commun qu'est la marginalisation et l'exclusion pour lutter pour la tolérance, la justice et la reconnaissance des droits.
Matthew Warcus signe film choral et populaire au sens premier du terme, sans grands ni petits rôles avec un beau casting d'acteurs au jeu juste, dans le genre où excelle le cinéma anglais, celui du cinéma social, et, en l'espèce, dans l'un de ses deux registres qu'est celui de la comédie "feel-good movie", par opposition au drame naturaliste dont Ken Loach est le chef de file, dans lequel l'humour et l'autodérision tempèrent le pathos.
Mêlant personnages inspirés des personnes réelles impliquées dans cette action et personnages fictifs souvent archétypaux mais profondément humains dans l'ordinarité qui permet l'identification, le film retrace une épopée humaine avant que d'être politique portée par une enthousiasmante synergie humaniste.
De plus, elle est truffée de scènes qui brossent de manière impressionniste le portrait des principaux protagonistes non pas à la manière du biopic mais en ciblant les situations événementielles qui ont infléchi leur regard, leurs sentiments et donc sur le vie.
Bref, un film qui remplit la mission du cinéma : faire réfléchir, émouvoir, faire rire et pleurer. |