Réalisé par Gustav Deutsch. Autriche. Drame. 1h33 (Sortie le 17 septembre 2014). Avec Stephanie Cumming et Christoph Bach.
Les admirateurs du peintre Edward Hopper alléchés par "Shirley - Visions of reality", le film de Gustav Deutsch qui propose "Un voyage dans la peinture d'Edward Hopper" comme les cinéphiles intéressés par les exercices de style transdiciplinaire se sentiront bien évidemment floués car décus.
Car il ne s'agit pas d'un voyage dans la peinture d'Edward Hopper dès lors que la démarche du réalisateur n'est pas de questionner la représentation hopperienne ni de procéder à la mise en mouvement de la narration suspendue qui la caractérise en imaginant et en racontant l'histoire dont la toile constitue une sorte d'arrêt sur image.
En effet, Gustav Deutsch a utilisé les toiles les plus emblématiques de Hopper parmi les scènes d'intérieur qui lui ont paru adéquates pour illustrer, en termes de décor et de situation, une seule histoire préécrite.
Du moins est-ce ce qui résulte de l'extrait d'actualités dispensé en introduction de chaque séance et qui ne se retrouve bien évidemment pas dans celle-ci, ce qui rend l'exercice erratique. Et là encore, des précisions et rectifications s'imposent.
Par ailleurs, les scènes non dialoguées sont filmées en plans fixes dans lequel se meuvent avec parcimonie des personnages donc muets, mais sont toutefois assorties de la voix-off de la protagoniste principale qui cependant ne tient pas des propos afférents à la situation mais à des considérations pseudo-existentielles correspondant au flux de pensée.
Ce qui introduit une dichotomie perturbante entre ce qui est montré et ce qui est entendu d'autant que ce monologue intérieur ne présente pas d'intérêt majeur.
Enfin, les toiles de Hopper pnt été "reconstituées" sous forme de décor lissé qui ressemblent à des images qui auraient subi nombre de retouches proposées par Photoshop gommant la magie des originaux.
Malgré toutes ces réserves, il se passe un phénomène troublant dans ce film qui tient sinon à l'interprétation du moins à la présence de la danseuse Stephanie Cumming qui prête sa rousseur lumineuse et sa belle gestuelle au rôle titre.
Car son "jeu" évanescent et minimaliste traduit une langueur mélancolique qui confine à l'irréalité et à la manifestation d'une présence au monde d'une âme déjà enfuie. Ce qui touche un peu au mystère des figures hopperiennes. |