Comédie dramatique d'après une oeuvre de Adolfo Costal du Rels, mise en scène de Jean-Paul Wenzel, avec Javier Amblo, Susy Arduz, Mariana Bredow, Andres Escobar, Lorenzo Munoz, Antonio Gonzales et René Sosa.
A la recherche d'une lagune dont ils ne connaissent pas la position exacte, dans la guerre qui oppose dans les années 1930 la Bolivie et le Paraguay, un groupe de soldats boliviens perdu dans le désert du Chaco marche de nuit et s'enfonce dans l'hostilité du Monte où la dureté du paysage et du climat aura raison de leur cohésion.
Après le remarquable "Ombres portées", le duo Jean-Paul Wenzel, à la mise en scène, Arlette Namiand à l'adaptation, présente ce spectacle original et dépaysant (en espagnol) accueilli à la Cartoucherie de Vincennes à l'invitation d'Ariane Mnouchkine : "Les Egarés du Chaco" d'après "Lagune H.3" d'Adolfo Costa du Rels.
Sur le sol de terre rouge, les jeunes comédiens de l'Ecole Nationale de Théâtre de Bolivie, mis en scène avec brio par Jean-Claude Wenzel défendent avec pugnacité le texte de l'auteur franco-bolivien. Il y a dans cette histoire tous les ingrédients d'une épopée romanesque et d'une aventure humaine collective.
La mise en scène de Jean-Paul Wenzel utilise tout l'espace et diffuse une tension permanente qui nous fait suivre avec plaisir la vaine échappée de cette petite bande qui, avec peu d'eau et sans boussole cherche sa lagune comme Don Quichotte se bat contre ses moulins. Les soldats éprouveront leurs limites dans ce désert hostile peuplé d'ombres et de démons. Ce voyage hypnotique nous fait ressentir tout l'abattement de ces hommes comme le climat tropical qui les entoure.
La pièce observe les comportements des hommes dans ce groupe qui ne tardera pas à éclater et à révéler la vraie nature de chacun. Les interactions fréquentes avec le public ainsi que les pointes d'humour bienvenues sont autant de moments qui allègent le tragique de l'histoire et qui nous rappellent que nous ne sommes qu'au théâtre.
Quel bonheur de voir une jeune troupe (Amassunu) qui, à la différence de certaines compagnies parisiennes, a un rapport si humble avec la scène et dont les comédiens ne travaillent que pour le collectif. Leur enthousiasme fait du bien et on ne peut que leur souhaiter une salle pleine pour les porter. |