Réalisé par Frank Miller et Robert Rodriguez. Etats-Unis. Thriller. 1h42 (Sortie le 17 septembre 2014). Avec Eva Green, Josh Brolin, Jessica Alba Jessica Alba, Bruce Willis, Mickey Rourke, Joseph Gordon-Levitt, Rosario Dawson et Jamie Chung.
Mieux vaut se renseigner au préalable avant d'aller voir "Sin city - J'ai tué pour elle" pour éviter d'être déçu, énervé ou faire la fine bouche en estimant que ce deuxième opus du tandem Frank Miller-Robert Rodriguez n'innove pas au regard de leur premier opus réalisé en 2005.
En effet, ce film constitue la transposition filmique d'un des romans graphiques de la série "Sin City" imaginée et dessinée par Frank Miller qui reprend les codes et les archétypes du roman noir et du Grand Guignol pour les décliner dans l'univers glauque et violent d'une ville bien-nommée Sin City gangrenée par le vice, le sexe, l'argent et la corruption.
A l'exception des bas fonds de la vieille ville abandonnée devenue le quartier général de prostituées-amazones aussi sexy que dangereuses, elle est dirigée par le sénateur-maire Roark à la belle gueule de vieux requin politicien véreux sans scrupules (Powers Boothe) qui, en l'occurrence est poursuivi de la vindicte de la belle Nancy (Jessica Alba) qui veut venger l'homme qu'elle aimait qu'il a fait assassiner et d'un fils naturel (Joseph Gordon-Levitt) qui veut tuer symboliquement le père en le ratissant publiquement au poker.
Mais le coeur du film tourne autour de "la" figure majeure du roman noir qu'est la femme fatale. En l'espèce, interprétée par Eva Green au physique ad hoc, corps pulpeux, longues chevelure brune et regard lourd à la Lauren Bacall, garce manipulatrice doublée d'une psychopathe, elle cherche à se défaire d'un mari très riche et complaisant et fait appel à un ex-amant de retour en ville (Josh Brolin) qui, bien que déjà trahi par elle, retombe dans ses filets.
Et pour assurer le lien entre tout ce petit monde, un gros dur à cuire à gueule cassée qui doit ravir son interprète Mickey Rourke. Figurent également au générique dans de brèves apparitions Bruce Willis, Ray Liotta, Stacy Keach et... Lady Gaga.
Bien évidemment l'intrigue, qui n'est porteuse d'aucun message contrairement au roman noir qui voulait rendre compte d'une certaine réalité sociale, est cousue de fil blanc, en l'occurrence rouge sang car ça dessoude sec. Mais l'essentiel repose sur le style graphique et celui de Frank Miller est non seulement unique mais virtuose.
Un style expressionniste basé sur une palette bichromatique noir/blanc avec quelques parcimonieuses touches de couleur et un dessin en négatif qui use des procédés photographiques de plongée, contrte-plongée et autres tel le zoom qui se prêtent à la traduction cinétique et que le montage très nerveux de Robert Rodriguez, les décors réalisés par Steve Joyner d'après les planches originales de Frank Miller et les effets spéciaux psycdéliques supervisés par John McLeod transcendent.
La grande réussite formelle du film tient également à ce que les personnages se meuvent dans une superposition de décors en deux dimensions qui fonctionnent à la manière d'un pop-up pour donner une profondeur de champ sidérante. |