The Juan MacLean perpétue l’héritage Garage House, ce style unique qui fit se rencontrer au début des années 80, disco et électro, black music, nightclubbing et identité gay, moiteur des dancefloors et noirceur d’une époque (crise, Sida).
Apparu aux États-Unis, il doit son nom au club Paradise Garage de New-York dans lequel officiait un certain Larry Levan, avant d’être popularisé par un autre Godfather, Frankie Knuckles, résident du non moins mythique Warehouse de Chicago et décédé le 31 mars dernier.
Un art du mix qui repose sur des compositions épiques – les morceaux oscillent entre sept et dix minutes – orchestrales (piano, violons, cuivres, basse rebondie) et romantiques, chantées par des divas de la soul et du funk (Adeva, Jocelyn Brown, Barbara Tucker…) et des chœurs gospel. Plébiscité en France par Dimitri From Paris et Didier Lestrade, il sort de l’underground à l’orée des 90’s, lorsque les grands artistes pop du moment (Madonna, Michael Jackson, Whitney Houston…) confient leurs tubes radio aux bons soins des premiers deejays stars pour les propulser sur les pistes de danse.
Comme d’autres remixeurs de renom avant lui (David Morales, Masters At Work, Steve Silk Hurley…), c’est dans ce registre old-school, devenu quasi-légendaire, que John MacLean a construit, quinze ans plus tard, sa notoriété avec ses réinterprétations de singles d’Air, Daft Punk ou Franz Ferdinand. Soutenu par James Murphy, cofondateur du label DFA Records, c’est en duo avec Nancy Whang qu’il trouve, en tant que musicien, sa voix. Celle de cette égérie de la dance indé américaine qui insuffle une touche sensuelle aux productions des machines de ses compagnons d’écurie (LCD Soundsystem, Holy Ghost! et Shit Robot) entre autres featurings (Soulwax, Classixx).
Propulsé en 2009 avec le tube "Happy House", anthem de treize minutes et climax de leur deuxième album, The future will come, le groupe ajoute son nom à la prestigieuse série de compilations DJ-Kicks du label Studio !K7 et revient en 2013 avec trois maxis d’anthologie : You're my destiny, Feel like movin’ et Get down (with my love).
Une trilogie qu’il aurait été facile de compiler sur ce dernier LP dont elle ne constitue finalement que la rampe de lancement. Car c’est sans compter sur le talent de songwriting de ces gardiens du temple et leur capacité à renouveler les émotions procurées par un genre trop souvent déshumanisé. Une musique rétrofuturiste, nostalgique mais aventureuse, mélodieuse avant d’être rythmée, qui continue de passionner là où la concurrence, Hercules and Love Affair en tête, a fini par lasser. Soit neuf nouveaux titres hommages lumineux pour près d’une heure de douce mélancolie sous la boule à facettes en compagnie de Giorgio Moroder (l’épopée cosmique "A place called space"), Todd Edwards (les samples de "Here I am"), New Order (la guitare de "Love stops here"), The Human League ("I’ve waited for so long") et du regretté Knuckles (la superbe déclaration d’amour "The sun will never set on our love" à ses emblématiques "Your love" et "Tears") avant que le duo n’atteigne son nirvana sur "A simple design", nouveau hit d’une collaboration qui fait des étincelles.
Assommé par le retrait de LCD Soundsystem et la séparation de The Rapture, ses deux fers de lance, DFA peut rêver du titre de meilleur album indie dance de l’année ; la relève est assurée.