Tout d’abord, ne pas se laisser influencer par le nom du groupe ou la pochette de l’album. Il ne s'agit pas là d'une parodie de science-fiction ou d’une bande de geeks qui se seraient lancés dans un projet musical loufoque.
Ne pas avoir non plus d'a priori sur la provenance du groupe, la Hongrie, où les Psycho Mutants, 10 ans d’existence au compteur passés à enchainer les concerts à travers l’Europe, ont enregistré leur troisième album, financé en partie par le crowdfunding. Aujourd’hui internet aidant, les frontières musicales et les barrières culturelles qui cloisonnaient et étouffaient dans leur pré carré national, les formations sont heureusement tombées.
Ne pas chercher enfin à cataloguer la musique des Psycho Mutants. Eux-mêmes la décrivent comme du "sexy balkan voodoobilly", ni plus ni moins. Comprenne qui pourra.
Baby Burn débute par un "No Hero", digne de figurer sur une BO d’un film de Tarantino. Cette chanson, toute en énergie contenue et tension, est portée par une trompette magistrale. Car à côté des instruments usuels de ce rock sauvage, la trompette ou l’accordéon se font une place de choix et donnent une touche singulière à l’ensemble, mais à l’opposé d’un esprit bal musette ou d’un folklore artificiel.
Car l’ambiance n’est pas à la fête, loin de là. La voix grave et caverneuse du chanteur Zoltan Karnics fait irrémédiablement penser à un Nick Cave accompagné par Calexico et 16 Horsepower. De chansons en montagnes russes (le tonitruant "Let me go", l’explosif "Everybody’s young god") à des titres plus linéaires (la valse malade "Taking a waltz" ou le presque joyeux "Babel"), plus que la subtilité, c’est l’efficacité qui est recherchée et trouvée. La flatteuse réputation des Psycho Mutants sur scène n’est donc probablement pas usurpée.
Disque de paradoxes, à la fois obscur et entraînant, ténébreux et détonnant, Baby burn pourrait être l’album de pistoleros jouant retranchés dans une grotte, de mariachis enfermés dans un cachot, sombres héros d’un western underground. Il se termine d’ailleurs par un "Waiting for the sun" morriconien en diable. La Hongrie, porte d’entrée d’un nouvel eldorado.
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