Hype. Ou comment faire d'un groupe anodin la révélation de 2005.
A y regarder de plus près, peut-être pas si anodin, le groupe. C'est qu'Hotel et VV, hormis leurs noms de scène biscornus mais si rock n roll, y croient depuis toujours.
Entre l'anecdote des bottines à bouts pointus pour le plus masculin des 2, lui donnant envie de devenir rock star et la détermination de l'américaine Alison Mosshart, écumant un nombre infini de formations avant de trouver son âme soeur. Car c'est de ça qu'il s'agit.
Le parallèle inévitable avec les White Stripes en est d'ailleurs surmonté car Hotel et VV pourraient bien être un vrai couple glamour et destroy. Après avoir sorti un premier EP en 2002, le groupe s'est attelé à l'enregistrement de Keep on you mean side, premier album suivi d'une tournée mondiale de petits clubs. Tournée fidèlement retranscrite à la manière d'un road trip sur le DVD accompagnant la sortie du deuxième album du groupe, et qui nous intéresse ici : No Wow. Titre nous annonçant peut-être que la musique n'est plus aussi étonnante qu'elle a pu l'être.
C'est en tout cas l'impression qui reste après l'écoute de ce petit chef d'oeuvre écrit intégralement en autarcie comme l'expliquent sur le DVD les inséparables, entre deux arrestations par les flics. En découle un album imparable, dont l'impression première en est sa forme en piste unique. Variations autour d'un même thème.
La quasi-intégralité du chant est assurée par VV, et non PJ Harvey comme on pourrait le supposer à la première écoute. Un chant habité, à la mesure de ses prestations live. Hotel s'occupe pendant ce temps d'essayer de battre un record quant à la distortion de ses guitares. Et on arrive envoûté sur ce qui est déjà pour moi le single de l'année, "The Good Ones". Titre qui prend toute sa valeur avec la vidéo, Hotel et VV se retrouvant face à face, excités et excitants.
"I hate the way you love", s'étalant sur deux pistes, est une petite merveille d'émotion. Tantôt haineuse, puis mélancolique, VV déteste visiblement la manière dont on l'aime. "At the back of the shell" et ses clapements de mains, comme s'il fallait déjà applaudir la prestation magistrale du groupe, flirte également avec le très haut niveau - “it ain't such a thrill” nous disent-ils... J'en vibre pourtant encore.
Cap ensuite sur "Rodeo Town" et "Murdermile", qui montrent le groupe plus en profondeur. Fin en apothéose avec "Ticket Man", et son piano plutôt dangereux qu'apaisant. Le calme avant la tempête? Non, Hotel et VV se contentent juste de nous tenir subtilement en haleine jusqu'à la toute dernière seconde.
Les Kills sont définitivement dans leur monde. Inquiétant à première vue. Mais une fois plongé dedans, qu'est-ce que la vue est belle.WOW.
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