Comédie dramatique de Gilles Granouillet, mise en scène de Jacques Descorde, avec Anna Andreotti, Astrid Cathala, Erwan Daouphars et Jacques Descorde.
Dans une ville grise, la mère en fin de carrière reçoit la médaille du travail. Le fils écrit à sa demi-soeur, une enfant trouvée dans une poussette et adoptée par la mère, pour qu'elle assiste à l'événement.
C'est le début d'un drame sombre sur fond d'abattoir, un monde dont personne ne peut se soustraire.
Avec une ambiance pesante qui vous agrippe dès les premières minutes et ne vous lâche plus, Jacques Descorde réussit avec "Combat" un coup de maître en proposant avec un vrai talent et de belles audaces de mise en scène, le formidable texte âpre et sans concession de Gilles Granouillet.
Doté d'une distribution brillante, la pièce, dans une scénographie épurée, maintient une tension haletante et devient vite oppressante pour le spectateur suspendu au sort de ces personnages poursuivis par la fatalité et qui semblent se débattre tels des pantins gesticulants dans le vide, suspendus à des crochets invisibles.
Loin du père quasi mutique de l'inoubliable "Maman dans le vent", Jacques Descorde joue ici un homme qui combat le vide de son existence, la honte d'avoir raté sa vie et trouvera dans le sacrifice une raison de fierté. Il est sensationnel.
Le couple qu'il forme avec Anna Andreotti, exceptionnelle Gloria, donne des frissons dans sa souffrance si palpable.
A leurs côtés, Astrid Cathala interprète avec finesse et ambiguïté la sœur, dont on ne sait jusqu'à la fin ce qu'elle va décider. Enfin, Erwan Daouphars, souvent abonné aux rôles inquiétants, compose une galerie de personnages ambivalents et forts.
Magistrale tragédie prolétaire, "Combat" est un spectacle qui vous secoue et vous laisse groggy. A ne pas rater. |