Monologue dramatique écrit et mis en scène par Stéphan Druet, interprété par Sebastiàn Galeota.
"DolcEVITA". Peut-être le seul reproche à adresser à la pièce est-il ce jeu de mot érigé en titre. En effet, Eva Perón n'est nullement présentée comme une personne douce mais bien au contraire riche en paradoxes.
Et il y eut certes bien un lien entre Evita et l'Italie des années 60, mais cet épisode n'est pas évoqué dans cette pièce qui retrace la vie d'une des grandes figures emblématiques de l'histoire argentine récente.
Eva Duarte, jeune fille issue de la classe populaire pauvre, monte à Buenos Aires à l'âge de 15 ans pour tenter sa chance dans les milieux du spectacle. Sa beauté lui permet de passer de bras en bras, de rencontrer des personnalités influentes, et ainsi commencer au théâtre. Ce sera à la radio qu'elle percera.
A l'occasion d'un gala en faveur des rescapés d'un tremblement de terre, elle rencontre le colonel Juan Perón un an avant que celui-ci n'accède au pouvoir.
Dans le rôle d'Evita, on retrouve l'acteur argentin Sebastiàn Galeota, inoubliable dans le rôle d'Ottavia de La Blanca dans "Amor Amor à Buenos Aires", déjà écrit et mis en scène par Stéphan Druet.
Danseur ou jongleur, il réalise ici un tour de force en tant qu'acteur puisque tout le bas de son corps est immobilisé dans une robe immense, sculpture de tissu, qui est aussi l'unique décor du plateau. Evita est en effet un personnage historique, mais en Argentine elle demeure encore à ce jour une icône qui cristallise toutes les passions politiques.
Sebastiàn Galeota vit son personnage autant qu'il ne l'interprète. C'est uniquement par la modulation de sa voix, les traits de son visage, les mouvements de ses épaules, de ses bras et de ses mains que toute la passion du personnage va, une heure durant, transparaître. Cette immobilité, jointe aux mouvements parfois outranciers de la passionista politique, fascine.
Le texte écrit par Stéphan Druet est vif, précis et néanmoins empreint d'humour. Stéphan Druet a travaillé trois mois à Buenos Aires sur la mise en scène de "Une visite inopportune" de Copi, son texte peut donc se targuer du sérieux de l'approche historique, de la distance du point de vue d'un européen sur une figure politique d'un autre pays, mais aussi d'un point de vue plus subjectif amené par les témoignages de ses interlocuteurs argentins.
Découpé en courtes scènes, on suit donc un parcours de vie comme à travers les confidences qu'Evita livrerait à son coiffeur.
Il convient aussi de saluer tout le travail effectué en amont par l'équipe qui a travaillé sur la pièce : la perruque monumentale, réalisée par Micki Chomicki, qui complète le costume réalisé par Franck Sorbier, le masque dessiné par Julie Poulain et les maquillage de Jordy Make up qui établissent la distance entre personnage public et la personne privée, enfin les lumières de Christelle Toussine et les images de Gaston Marcoti et de Dan Rapaport qui, projetées sur la robe, replacent le personnage intime au coeur de la grande Histoire.
"DolcEVITA" fait le pari de l'économie dans les déplacements et les décors, pour se concentrer sur le texte et l'interprétation sans faille de Sebastiàn Galeota qui hypnotise les spectateurs. Fascinant! |