Tiens tiens, revoilà les Ting Tings. Depuis le hit planétaire de 2008 "Shut up and let me go" (extrait de l’inaugural We started nothing, numéro un en Angleterre et vendu à près de deux millions d’exemplaires), c’est pourtant précisément ce qu’on leur demandait. Quatre autres petits tubes d’électro-pop eighties et de dance-rock et puis s’en vont… après autant de millions de singles vendus ("Great DJ", "That’s not my name", "Be the one", "We walk").
La faute aux Sounds from Nowheresville, un titre qui résume moins la vacuité de leur inspiration au moment de franchir le cap fatidique du second effort, que leur volonté de faire table rase d’un passé devenu trop lourd à porter. À en juger par la pochette, le duo indie pop mancunien était mort ou presque, zombifié par leur label (Columbia) et son appétit de bis repetita. Une pression à laquelle Jules De Martino et Katie White avaient répondu par un pied de nez, ou plutôt un grand écart entre R’n’B et techno cheap (le morceau "Hands" produit par Calvin Harris), aussi maladroit que douloureux pour nos oreilles. Un échec critique et commercial.
Revenus de nulle part, ces sauvageons adeptes du Do it yourself et de l’autodérision sont allés voir ailleurs en gardant pour seul fil conducteur, le dancefloor. Mais avec le disco-funk éculé de Super Critical, The Ting Tings tend la barre de lap-dance pour se faire battre. Un énième virage musical négocié en six mois depuis Ibiza avec la complicité d’Andy Taylor, guitariste de Duran Duran, qui comporte toutes les caractéristiques du Reflex, stéréotypes, rapidité (neuf titres seulement), sans le côté involontaire. Comment ne pas voir dans ceux que l’on croyait jadis frondeurs, les nouveaux suiveurs opportunistes d’un style dont Daft Punk est légataire universel depuis 2013 ?
Soit une paire de sous "Get Lucky" ("Daughter", "Do it again"), lorsqu’il ne s’agit pas d’une tentative de plagiat ("Wrong Club") pillant au passage la légende du Phoenix (les gimmicks synthétiques de "Communication" et "Failure" empruntés au "Too young" des versaillais). Au cours de cet infortuneux hold-up, le groupe nous rend néanmoins la monnaie de notre pièce avec "Only love", seul billet doux susceptible de raviver la flamme des premiers émois.
Ensoleillé à défaut d’être original, cet album de vacances n’est finalement qu’une façon de prolonger l’été, ce qui n’est pas forcément désagréable. Mais nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie.
En concert à la Flèche d’Or le 21 novembre.
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