Un roman de matin de Noël. Voilà la douce sensation que me laisse le roman d’Alexiane de Lys. Un de ces romans flottant au-dessus de la réalité, si loin, et là, tout près, juste derrière la brume des songes. Un roman qui vous prend par la main, et vous emmène dans toutes ses invraisemblances et ses fantasmes inavoués : Les ailes d’émeraude.
Je pourrai facilement détester Alexiane de Lys, elle est jeune (20 ans), jolie, publie ici son tout premier roman (écrit pour distraire sa petite sœur), qui ne fait pas moins de 700 pages (pendant lesquelles on ne s’ennuie pas !), est couronnée prix de l’imaginaire. Rien que ça.
Les vipères et les jaloux trouveront à redire, à force de creuser, facile de trouver des erreurs de jeunesse. Pas moi. J’aurai pu la détester, lui reprocher la mièvrerie des relations et le manque de recul des remarques. Même pas. Elle a du talent, point final. A quoi bon lui reprocher ? On attend la suite, évidemment.
L’histoire ? Pas tellement originale, dans la lignée des dystopies actuelles, de Divergente à Hunger Games, une jolie nénette un peu pommée qui se trouve une mission humanitaire à poursuivre. C’est réducteur, c’est un peu ça, pas tout à fait. Et tellement mieux raconté.
Cassiopée est orpheline et doit quitter l’orphelinat qu’elle connaît depuis toujours pour ses 18 ans. Le terrible rite de passage à l’âge adulte, douloureux et contraint que connaissent tous les habitants de landes éloignées pour aller étudier à la city. Malgré un départ fier et la tête haute, se retrouver plus seule que jamais dans une ville inconnue. Cassiopée fantasme sur tout ce qui passe, donne des petits surnoms à droite à gauche, invente des vies. Presque lugubre oui.
Alors que son quotidien commence à puer fortement la banalité, la voilà poursuivie par un inconnu à qui elle n’a rien demandé (elle lui a trouvé un joli surnom pour ses beaux yeux), puis par un autre. De fil en aiguille, de coup de genou en sédatifs, Cassiopée trouve sa voie : elle est une Myrme, un être ailé doté de supers pouvoirs sensoriels (oui, ses ailes ont poussé entre temps, et elles ont effectivement l’air magnifique).
Heureux les naïfs, ils ne savent pas ce qu’ils font (ou un truc dans le genre). Elle qui ne connaissaît rien à ce peuple, elle se trouve des capacités dépassant l’imagination des Myrmes de naissance. Carrément. Et il y a les fesses des méchants à botter. De surprenants liens familiaux que ne renierait pas un certain Georges Lucas. Une histoire d’amour absolument rose tirée d’un roman à l’eau de fleur, un peu dégoulinante, toujours très très sage et gentlemenement retenue, et terriblement romantique (ma sœur adore déjà).
Parfait pour les matins de Noël, un peu de magie, une héroïne forte tête aux répliques bien envoyées (celles qu’on fait pour les cruches des séries télé), moderne, frais, jeune et spontané.
Et Woody Allen mis à part, le roman est la réalisation du fantasme du beau gosse qui se penche sur notre cas, parce que même mal dans notre peau, nous sommes des femmes exceptionnelles, n’est-ce pas Alexiane ? Euh, Cassiopée ?
Ce n’est pas tout de tenir un sujet, encore faut-il savoir en parler : prouesse qu’Alexiane de Lys réussit en 700 pages et autant de feuilles. Divertissant, léger, en forme d’exutoire pour l’auteure, mais aussi pour le lecteur. Ecrit à la première personne, facile de se chercher des ailes pour sauver le monde après la lecture. Merci pour ce moment (pour de vrai hein !) |