Monologue dramatique écrit et interprété par Tiago Rodrigues.
Il y a des auteurs qui aiment jouer avec les mots, il y en a d'autres, en général argentins, en général disciples de Jorge Luis Borges, qui aiment jouer avec les livres et leurs lectures.
Tiago Rodrigues, bien que portugais, appartient à cette dernière confrérie. Conteur né, usant pour le public français d'une langue autre que la sienne, d'une langue qui lui donne le petit plus d'un accent chantant agrémenté de quelques charmantes approximations syntaxiques, Tiago Rodrigues entraîne ses spectateurs dans une brillante promenade à la hauteur des grands auteurs.
Disciple du professeur Steiner, malicieux bavard qui agrémenta de sa science littéraire plus d'une émission de Bernard Pivot, Tiago Rodrigues convoque une dizaine de spectateurs sur scène. Une tâche inattendue, mais dont ils s'acquitteront tous avec brio, les attend : apprendre par coeur un des plus beaux sonnets de Shakespeare.
Car, c'est sous les auspices du vieux Bill, entouré entre autres de Boris Pasternak et de Ray Bradbury, qu'il entraîne un auditoire captivé et complice sur les chemins de la réflexion sur ce que la littérature veut dire.
On y côtoiera une grand-mère portugaise qu'on aimerait avoir tous connu, on y découvrira que manger les livres est à la portée de tous les gourmands en nourritures terrestres.
A l'aise avec ses mots qu'ils soient les siens ou ceux des autres, Tiago Rodrigues fait de son "By heart" un hymne au plaisir. Plaisir de dire, de lire, de réciter, d'être ensemble pour communier dans ce petit moment de pur grâce littéraire.
Tout ici respire la simplicité alors que, mine de rien, le spectateur traverse un champ d'idées bien labourées. On y parle de liberté et de résistance, de censure et de transmission, de la force qu'apporte dans la vie les livres.
Tous attentifs, les spectateurs de "By heart" feront leurs les paroles de Tiago Rodrigues. Ils quitteront alors le théâtre avec une gravité sereine, habités par l'intime conviction que, désormais, le petit message si important qu'il vient, sans en avoir l'air, de leur délivrer sera à jamais gravé en eux. |