Les festivals ne sont pas seulement pour l’été. Le BIME Live! (Bizkaia International Music Experience) inaugure sa deuxième édition avec une prometteuse affiche. Plus centré sur la scène indie que le BBK Live, l’autre festival que compte la ville de Bilbao, l’évènement a obtenu un succès plus grand que l’année dernière avec une affluence de près de 10 000 personnes par journée.
Ce n’est que la deuxième fois que le rendez-vous se tient au BEC (Bilbao Exhibition Centre) et les organisateurs ne sont pas encore au point dans certains aspects techniques. Les horaires d’ouverture des portes changent, sans préavis, d’un jour à l’autre. Et ce n’est qu’une heure avant l’ouverture que l’entrée des spectateurs est aménagée et que les agents de sécurité se mettent en place. Le public se retrouve perdu face à un manque presque total de panneaux de signalisation et un personnel qui ne semble pas être au courant de grand chose. Le festival compte quatre scènes, dont une d’entre elles est réservée aux groupes et une autre, avec des gradins, imite un théâtre. Or, pendant les deux premières heures, le local est presque vide : on aurait dit le lendemain d’une apocalypse zombie.
La journée du vendredi 31 octobre débute avec le groupe basque John Berkhout. Même s’il y a une ressemblance avec Cat Stevens, la comparaison avec Fleet Foxes tombe sous le sens. Malgré la qualité du son, leur folk avec des touches psychédéliques n’emporte pas le public, réticent à s’approcher de la scène.
Plus tard arrivent We Cut Corners, un duo de batterie et guitare. Ils essaient avec difficultés de rendre le public un peu plus actif mais avec peu de succès. La voix du batteur, qui est aussi le chanteur principal, est beaucoup plus aiguë en direct, et manque un peu de la douceur enveloppante de l’album. Leur concert ne garde malheureusement pas les nuances que nous pouvons trouver en studio.
Ce soir, c’est aussi la nuit d’Halloween, et Imelda May s’en charge de nous le rappeler. Elle arrive sur scène déguisée en Lily Munster – sans sa caractéristique boucle rockabilly – accompagnée d’un fantôme, d’un Alex McDowell, et d’un moine et un boucher macabres. Du rock’n’roll "Johnny Got a Boom Boom" aux influences jazz de "Wicked Way", en passant par "It’s good to be alive" (très approprié pour cette nuit des morts-vivants), le concert est simple mais proche. La voix enivrante d’Imelda May se mêle à la perfection avec l’ample spectre de rythmes de son groupe, et plus spécialement de la guitare de son mari Darrel Highman.
Thurston Moore est venu nous présenter son dernier album The Best Day. Il tient parmi ses musiciens Debbie Googe, la bassiste de My Bloody Valentine, le batteur de Sonic Youth Steve Shelley, et James Sedwards à la guitare. Un tel alignement ne pouvait pas nous décevoir : leur son, muni avec une grande dose de distorsion, est net, brutal, captivant. Ils finissent leur set avec le morceau instrumental "Grace Lake" qu’ils prolongent avec un bon moment de bruit. Simplement incroyable.
Anna Calvi nous démontre que sa musique est surtout faite pour les espaces fermés. Discrète, avec cet aura de mystère qui fait son charme, elle cache bien son jeu. La puissance de sa voix résonne dans la salle et met en valeur l’intensité de sa musique. Avec des thèmes comme "Suzanne and I" ou "Desire", elle crée une ambiance de décadence élégante et sensuelle.
Neil Hannon de The Divine Comedy conquière vite son public avec son charme britannique. Il a une fracture au doigt – il montre même les radiographies au public – et s’excuse de ne pas pouvoir jouer de la guitare. Leur son devient alors très proche de celui des chansons des comédies musicales. Le chanteur, conscient, se compare à un orchestre qui serait en train de jouer pendant un mariage. Ils passent en revue leurs morceaux les plus connus comme "Tonight We Fly" et "A Woman of a Certain Age", qui font les délices des spectateurs qui se lèvent de leur siège.
Finalement arrive le tour de Placebo. Malgré un début fort avec "Every You Every Me", le groupe de Brian Molko se consacre surtout à des morceaux de leur dernier album, ce qui déçoit un peu les fans. Ils enchaînent leurs chansons en montrant une grande maîtrise sur scène mais aussi un peu de froideur. |