Tragédie d'après l'oeuvre éponyme de Euripide, avec Blade Mc Ali M’Baye, Mounya Boudiaf, Kevin Keiss, Adrien Michaux, Pierre Mignard, Marie Payen, Valentine Vittoz et Lou Wenzel.
<> Que s'est-il passé après la chute de Troie pour les filles de Priam, le roi défunt de la cité défaite ? Qu'est-il aussi advenu de sa femme et mère d'une vingtaine de ses enfants, Hécube ?
Euripide, dans sa tragédie "Les Troyennes", lève une grande partie de ce mystère. Pour ceux qui connaissent leurs classiques, les noms de Cassandre, Andromaque, Hécube, ne sont pas inconnus.
La traduction et l'adaptation de Kevin Keiss, qui interprète en plus - et à lui seul - le coryphée, a l'avantage de chercher à être clair et à tout exposer à un public qui n'est pas forcément féru de mythologie.
Pièce linéaire où hommes et dieux monologuent autour du sort des vaincus troyens, "Les Troyennes" peut se résumer comme une longue plainte à plusieurs voix sur les ravages de la guerre et particulièrement sur l'iniquité des vainqueurs.
Dans sa mise en scène, Laëtitia Guédon recentre l'action sur Hécube, vieille et misérable veuve du roi Priam qui apprend les destins peu enviables de ses nombreux enfants.
Dans un décor presque vide et dans la pénombre, tous disent l'absurdité de ces dix années de guerre fratricide qui ont vu les Achéens et les Troyens s'entredéchirer. Pire, tout s'est achevé par la ruse et non par la bataille. Hébétées comme Hécube, les Troyennes partent pour la mort ou par l'esclavage alors que Troie n'est plus que larmes et cendres.
D'une distribution homogène, on retiendra la prestation de Blade Mc Ali M'Baye en Poséïdon et celle de Marie Payen en Hécube.
Le théâtre d'Euripide, sans le renfort d'un choeur fourni qui doit ponctuer des monologues reprenant souvent les mêmes éléments, peut générer un certain ennui. Le texte qu'en a tiré Kevin Keiss et la mise en scène sans temps morts qu'en donne Laëtitia Guédon se conjuguent pour parvenir à un résultat inverse : leur version des "Troyennes" se suit de bout en bout avec grand intérêt. La dénonciation des horreurs guerrières reste aussi d'actualité.
Un spectacle à conseiller avantageusement aux lycéens. |