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Mike Leigh  décembre 2014

Réalisé par Mike Leigh. Grande Bretagne. Biopic. 2h30 (Sortie le 3 décembre 2014). Avec Timothy Spal, Paul Jesson, Dorothy Atkinson, Marion Bailey, Ruth Sheen, Karl Johnson, Sandy Foster et Amy Dawson.

Si l'on s'amusait à dénombrer les "biopics" consacrés à des grandes figures de la peinture, on s'apercevrait qu'il y a là de quoi constituer un sous-genre fertile qui fournit souvent de très bons films.

Dès les années 30, Charles Laughton est un imposant Rembrandt. Qui a oublié le Modigliani de "Montparnasse 19" de Jacques Becker ? Mieux que le grognon Pialat avec le plat Dutronc, Vincente Minnelli a immortalisé Van Gogh sous les traits de Kirk Douglas dans "La Vie passionnée de Vincent Van Gogh".

On rappellera que récemment Ed Harris s'est mis en scène en Pollock et que Julien Schnabel a conté la vie si brève de Basquiat et tranformé David Bowie en Andy Warhol.

Voilà donc qu'à son tour, Mike Leigh, habitué des palmarès cannois et seul compagnon - sinon rival -de Ken Loach dans le cinéma anglais, s'attaque à un maître du pinceau. Et il a choisi le roi de la lumière, cet élément commun entre le peintre et le cinéaste qui explique peut-être pourquoi il y a tant de films sur la vie et l'oeuvre des peintres.

"Mr Turner" de Mike Leigh a tout du "biopic" que ce soit la forme, qui suit la vie du grand homme sur plusieurs décennies, ou le fond, qui montre et démontre comment un génie transcende sa condition d'homme et comment il l'exalte et la justifie.

Respectant les crédos du genre, Mike Leigh n'hésite pas à se lancer dans une reconstitution soignée et colorée de l'Angleterre riante du milieu du dix-neuvième siècle menacée par les vapeurs des locomotives.

Il n'hésite pas non plus à faire intervenir dans son récit des personnages réels, comme Constable, la reine Victoria ou John Ruskin, dont la flatterie louangeuse l'insupportait. Il montre également comment Turner subit d'abord l'incompréhension des bien-peigants avant que les moqueries ne se transforment peu à peu en admiration générale, et que le génial marginal n'accède au rang de monument national.

Pour tout ça, Mike Leigh pourrait être accusé de tous les maux du biopic. C'est pourtant le sentiment opposé qui se dégage de son film. Il faut dire que personne n'oubliera pas la composition, justement primé à Cannes, de Timothy Spall.

Avec une tronche très particulière, qui rappellera aux cinéphiles l'immense Robert Morley, Spall joue presque au monstre de Frankenstein qui cache un grand cœur et une âme encore plus grande sous une étoffe pataude et disgracieuse.

Cela lui sert pour séduire par petites touches la veuve qui le loge quand il vient peindre aux bords de la mer. Cela lui permet de grommeler avec une tristesse rageuse quand les philistins se moquent de ses tableaux peu académiques. Cela motive sa quête du beau quand il parcourt les paysages magnifiques de la côte anglaise ou qu'il se fait attacher à un mât de bateau pour comprendre et ressentir une tempête...

Ces cent cinquante minutes en compagnie d'un peintre qui préfigure les Impressionnistes au pays où va triompher le néo-classicisme des Préraphaélites, comme Dante Gabriel Rossetti, passent très vite et le réalisateur de "Naked" en peuple chaque seconde d'une idée ou d'une émotion nouvelle.

"Mr Turner" de Mike Leigh possède encore un autre atout commun aux biopics réussis : on sent que le cinéaste n'a pas hésité à se projeter dans le peintre. Oui, Turner, c'est lui.

Désormais à la tête d'une œuvre accomplie, n'ayant rien d'autre à prouver que son plaisir à filmer et à faire revivre une figure telle que celle de Mister Turner, Mike Leigh est aussi libre et agile avec son film qu'un peintre avec son pinceau.

Pour l'heure, il a posé sur son chevalet une toile sur laquelle défile la belle vie d'un peintre qu'il contribue à faire encore aimer davantage.

 

Philippe Person         
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