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Ted Kotcheff  décembre 2014

Réalisé par Ted Kotcheff. Etats Unis/Australie. Drame. 1h54 (2ème sortie le 3 décembre 2014 - Sortie 21 juillet 1971). Avec Donald Pleasance, Gary Bond, Chips Rafferty, Sylvia Kay, Jack Thompson, Peter Whittle, Al Thomas et John Meillon.

Si l'on cite son nom, il y a peu de chance qu'il dise quelque chose même à des cinéphiles. Et pourtant, en presque cinquante ans de carrière, Ted Kotcheff n'a laissé personne indifférent.

Auteur, en 1974, de "L'Apprentissage de Duddy Kravitz", considéré par les Canadiens anglophones comme le meilleur film canadien jamais réalisé, Ted Kotcheff est surtout le maître d'oeuvre du premier "Rambo". Cela suffira à le discréditer auprès des sectaires qui n'ont pas vu le film et a attiré l'attention des autres, ceux qui considèrent "Rambo" comme l'un des meilleurs films américains de la période post-Guerre du Vietnam.

En suivant dans sa dérive le soldat John Rambo, militaire meurtri sacrifié à l'autel d'une défaite jamais avouée, Ted Kotcheff a créé un personnage qui a pris sa place au Panthéon des héros tragiques.

Curieusement, dans "Wake in fright" ("Réveil dans la terreur"), on retrouve le même thème que dans "Rambo", celui d'un homme seul jeté dans un milieu hostile, un homme qui croyait à des valeurs et que les circonstances entraînent dans un univers primitif où il n'y en a plus aucune.

John Grant, instituteur au fin fond de l'Australie perdue, voit le bout d'une année scolaire ennuyeuse. Dans son beau costume blanc d'été, il arrive dans la petite ville minière de Bundanyabba que tous ont l'habitude d'appeler plus simplement "Yabba". Lieu de transit où il lui faut passer une nuit, il se trouve confronté à une population barbare, jouant fiévreusement à "Pile" ou "Face", collectionnant les dégénérés et les pervers sexuels, sortant les fusils pour chasser le kangourou...

Venant après "Délivrance", "Wake in fright" plonge une nouvelle fois un "civilisé" en milieu hostile, là où viol, inceste, actes contre nature, ne sont pas des tabous. En quelques heures, le mauvais rêve de John Grant devient un cauchemar sans fin. Comme Rambo, il va devoir surmonter ses peurs, court-circuité l'hostilité générale, s'inventer son propre code d'honneur pour sortit intact de l'épreuve.

À la même époque que Ted Kotcheff, un autre cinéaste, Nicola Roeg, cette fois-ci anglais, tourne aussi en Australie un film écrasé de soleil. Cette fois, il ne s'agit pas d'un homme seul face à une communauté, mais d'enfants qui vont devoir suivre un aborigène pour échapper à une mort annoncée.

Aussi écrasé de soleil, aussi peu indulgent pour les Australiens d'origine anglo-saxonne, le film de Nicolas Roeg met en avant la culture ancestrale des Australiens de toujours comme viatique pour que la société australienne reconquiert ses racines. Pour Kotcheff, il n'y a même pas cette solution. Bundanyabba est un dépotoir sans avenir. Il faut fuir l'endroit coûte que coûte - et surtout ne pas y revenir en croyant s'en échapper - comme cela arrive à John Grant.

Comme toujours, Donald Pleasance incarne le mal sous des dehors bonasses d'angoissé inoffensif. Dans l'enfer de Bundanyabba, il fixe les règles mouvantes d'un monde dont on ne sait pas vraiment s'il est un fantasme ou une horreur réelle. Quand John Grant atteindra son but, et sans ira rejoindre le bled où il croyait s'encroûter mais, où, en comparaison avec les bacchanales de Yabba, il vivait dans un vrai paradis, Pleasance lui adressera sous sa barbe un sourire amical, un vrai sourire plein de menaces non mises à exécution...

Ted Kotcheff réussit à créer un climat vraiment étrange avec des éléments du quotidien qui n'ont en commun que leur médiocrité. Quarante ans après sa réalisation, le film n'a pas vieilli, n'a pas perdu de sa force. On reste fasciné par cette plongée imprévue dans Bundanyabba, qu'on pourrait définir comme le trou du cul de la banalité du mal. Tout part d'une horreur diffuse pour en devenir la quintessence.

Pour une fois, sa réputation n'était pas usurpée : "Wake in fright" de Ted Kotcheff est vraiment un film culte.

 

Philippe Person         
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Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
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"House" au Théâtre de la Colline
"Oeuvrer son cri" au Théâtre de la Cité Internationale
"Le silence et la peur" au Théâtre de la Colline
"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
"Petites histoires de la démesure" au Théâtre Les Déchargeurs
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"Opération Kortex" à La Folie Théâtre
"Patricia Lelouebec - Sauver le monde" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Langue des Cygnes au Théâtre 71 à Malakoff
les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
"Maupassant, Octave et moi" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
"Al Atlal, chant pour ma mère" au Théâtre 14
et une sélection des autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Giovanni Bellini - Influences croisées" au Musée Jacquemart-André
dernière ligne droite pour :
"Capitales" à l'Hôtel de Ville de Paris
"Yves Klein intime" à l'Hôtel de Caumont
et les autres expositions à l'affiche

Lecture avec :

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et toujours :
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