Des premières notes aux accents "Pacman mange un fantôme" au bricoleur de son, il n’y a qu’un pas que Jacques Air Volt franchit aisément dans ce nouvel album : Les Aiguilleurs du Ciel.
Cet album sent bon l’expérimentation, le bidouillage, le coupé-par-ici-collé-par-là, les essais, les trucs nouveaux, les inventions… A tel point qu’il sait "que ce petit opéra, cette slow song ne passera jamais en radio". Ah bon ? Mais pourquoi cette étrange réflexion ? Est-ce donc pour cela que tu as choisi cette voie ? Pour que la radio te plébiscite ? Mais les perles les plus précieuses ne sont-elles pas celles que nous dénichons par la persévérance ?
Jacques Air Volt sort des sentiers battus mais ne les quitte pas complètement, il pose sa voix sur ses créations. Oui, il chante des mélodies enfiévrées, il scande ses paroles le long d’une portée, il rime, il associe, il allitère, il assone les voyelles et consonne les phrasés.
C’est sa musique qui accroche les oreilles, un peu comme les escargots se faufilent dans des espaces contigus en laissant un long filet argenté. Nous aimons les escargots, freinons-nous toujours cette infantile envie d’établir le contact avec ces drôles d’antennes rétractables ? Qui n’a pas hébergé une de ces drôles de bestiole, dans une boîte prévue à cet effet, histoire de lui proposer une maison un peu plus vaste qu’une fragile coquille dans laquelle il est certainement un peu à l’étroit ?
Hébergeons Jacques Air Volt, offrons-lui le vaste de nos vides, entrons en contact avec ses sons rétractables. Ses instruments sortent de l’ordinaire, des clochettes qui vont et viennent, des frissonnements qui ondulent le long de ses mots, des balancements d’Est en Ouest, des rythmes posés sur la brume, des arrondis, des entrechats… et tout un tas d’électronique en forme de bande son. Comme une invasion de notes arrangées autour de la gravité de ses mots et de sa voix.
Les thèmes abordés ne sont en effet pas de tout repos non plus. De ce qui le dérange : "La terre n’appartient à personne" ("Happy Paris"), de ce qu’il a subi "à trop attendre on finit malheureux" ("Nager dans la nuit"), de ce qui l’agace ("Exit le bling"), de ce qui l’entoure "nos regards posés sur des écrans" ("Minoka Pixel Irradie").
Ajouter à ça des pépiements d’oiseaux et la voix de Lisa Portelli, Les Aiguilleurs du Ciel est le garant d’un long voyage au bout des mélanges sonores et des acoustiques bouillonnantes dans la grande marmite de la création.
Une musique riche, fourmillante de découvertes et d’originalité. Il paraît que c’est la slow song, un genre de musique d’ambiance pour cabinet de curiosités, loin de la banalité et des rythmes formatés.
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