Comédies dramatiques de Fausto Paravidino, mise en scène de Sophie Loucachevsky, avec Harrison Arevalo, Justine Bachelet, Nacima Bekhtaoui, Maxime Coggio, Zoé Fauconnet, Aurélien Gabrielli, Elsa Guedj, Grégoire Lagrange, Mina Lemaignen, Makita Samba, Antoine Sarrazin, Alyzée Soudet et Arthur Verret.
Pour l'atelier d'interprétation des élèves de 3ème année du CNSAD, la metteuse en scène et professeur à l'ESAD-Paris Sophie Loucachevsky a choisi deux pièces courtes du dramaturge italien Fausto Paravidino.
Connu en France notamment pour deux opus "Deux frères", régulièrement joué par de petites compagnies et "La maladie de la famille M." programmé en 2011 à la Comédie Française, ce dernier présent à Paris s'est associé à la mise en scène pour un travail "A quatre mains"
"Ciseaux à volailles" écrit en 1996, son premier texte d'auteur alors qu'il était encore un comédien vingtenaire, décline, dans un registre loufoque, la thématique de l'engrenage souvent qualifié "kafkaien" à partir d'une situation banale qui se transforme en cauchemar avec quiproquos, poids des apparences, erreur judiciaire, prison et asile psychiatrique.
Un homme ouvre la porte à un inconnu qui s'immisce de force chez lui, puis à un second qui procède de même, et, se laissant emberlificoter par leur volubilité fumeuse, va leur faire un café. Quand il revient l'un est mort, l'autre s'est enfui.
Dans ce rôle qui implique une délicate hybridation de distanciation et d'humour pince sans rire, Aurélien Gabrielli est excellent et le duo physiquement très contrasté formé par Justine Bachelez et Makita Samba est désopilant dans la caricature de la psychiatrie clinique..
Dommage que la bonne idée de l'importation du bruitage et effets sonores radiophoniques qui apporte une note farfelue ne soit que ponctuelle.
Le deuxième opus "Morbid" écrit en 2006, et présenté pour la première fois en France en 2010 par Sophie Loucachevsky avec ses élèves de l'ESAD, sévit dans un autre registre, celui de la farce "sexuelle" débridée.
Trois tables dans une pizzeria, un serveur survolté (Harrison Arevalo) et des clients, dont les inter-relations seront progressivement révélées, qui vont faire tourner la soirée aux règlements de comptes : deux "bombasses" (Mina Lemaignen, la blonde, et Nacima Bekhtaoui, la brune) qui n'ont pas froid aux yeux ni ailleurs picorent, deux garçons borderline (Arthur Verret et Grégoire Lagrange) boivent des bières et deux couples de quadragénaires salaces et lubriques (Elsa Guedj et Maxime Coggio/Zoé Fauconnet et Antoine Sarrazin) se lancent des injures à la figure.
Tout ce petit monde d'obsédés et de névrosés s'exprime dans une langue d'une vulgarité et d'une grossièreté absolues dont la redondance finit par lasser même si, bien évidemment la partition doit être prise au second degré et entendre cette flopée d'obscénités comme la traduction d'un malaise existentiel. Le surjeu est de rigueur et les élèves s'en donnent à coeur joie avec ce langage peu châtié aux antipodes de celui du répertoire classique.
Toutefois, le parti-pris de mise en scène de cette pièce dont l'originalité tient à sa structure en deux parties symétriques, le déroulement de la soirée est ensuite rembobiné dans sa version "coulisses", en l'occurrence les toilettes, dans le registre du comique potache de café-théâtre occulte le fond du propos qui tient à une peinture caustique de la misère et de la médiocrité humaines. |