Monologue dramatique d'après l'oeuvre de Haruki Murakami dit par Nathalie Richard dans une mise en scène de Hervé Falloux.
Auteur japonais très en vogue, Haruki Murakami n'a pas conçu "Nuits blanches" pour le théâtre. A l'origine, il s'agit d'une nouvelle, "Sommeil", traduite par Corinne Atlan, qu'Hervé Falloux a transformé en monologue pour la scène.
de derrière l'un des trois grands panneaux imaginés par Jean-Michel Adam pour que le plateau ne soit pas composée que d'un fauteuil design sans dossier et d'une table basse, Nathalie Richard s'en vient raconter l'expérience singulière que vit une femme : elle ne dort plus et cela depuis des jours et des jours.
L'écriture de Murakami est précise, minutieuse, sans changements de ton ni de rythme, ce qui contraint la récitante a toujours sa voix de la même manière. Nathalie Richard fait donc face à un exercice difficile : dire son texte sans produire d'effets, au risque de perdre l'attention de son auditoire.
Elle parvient à la conserver, aidée par les jeux de lumière de Philippe Sazenat qui modifient la scène par de subtiles variations entre le sombre et la pénombre, notamment sur les grands panneaux qui fragmentent le plateau.
Peu à peu, le spectateur ressent lui-même cet état d'entre deux où elle oscille entre veille et mort, vie et sommeil. Il comprend ce cauchemar mental que le jour n'apaise plus et que son entourage ne perçoit qu'avec indifférence, dans ses transformations physiques.
ypnotique, la prose dite par la voix mi-grave de Nathalie Richard, qui tente parfois quelques intonations gaies vaincre la constante atonie de son récit, plonge toute la salle dans un état presque second.
Certes, dans cette ambiance où toutes les attentions sont retenues à l'organe vocale de la comédienne, il pourra y avoir quelques ronflements intempestifs. Mais ils font partie corps et bien du spectacle et contribuent à son étrangeté radicale.
Bien sûr, certains tiqueront sur cette nécessité de théâtraliser un texte qui n'est peut-être pas fait pour ça. Les autres féliciteront Nathalie Richard, dont on se souvient qu'elle avait participé dans "A bas bruit" de Judith Abitbol, à une expérience cinématographique encore plus inouïe, consistant à lire seule, de A à Z, un scénario pendant toute la durée du film.
Par ses temps théâtraux frileux, "Nuits blanches" est un spectacle courageux,dont il faut soutenir la radicale proposition. |