Monoloque dramatique de Fabrice Melquiot, interprété par Lucilla Sebastiani dans une mise en scène de Arnaud Beunaiche.
Liane est seule dans sa petite maison cachée au fond du bayou de Louisiane. Son amant noir a disparu du jour au lendemain.
Pour combler sa solitude elle parle avec l'absent, repasse les chemises d'homme, nettoie la maison. "L'inattendu" surviendra lorsque Liane recommencera à exister par elle-même et non plus à travers le défunt.
Cet homme, ce tigre, n'était pas un être au coeur du monde, il était l'être qui permettait à Liane d'entrer en contact avec le monde. En disparaissant, c'est le monde qu'il entraîne avec lui. Il ne reste plus alors à Liane qu'une parole sans retour.
Les mots, la poésie de Fabrice Melquiot, ne racontent pas seulement le deuil. Ils parlent de la métamorphose de Liane, de sa présence au monde qu'elle apprendra à nouveau à travers l'oeil d'un appareil photo et les voyages au-delà du souvenir.
Seule en scène, Lucilla Sebastiani campe une Liane accablée de douleur, qui se réfugié dans les gestes du quotidien avant de s'animer à l'évocation des souvenirs.
Elle réalise une belle performance confrontée à un texte cru mais surtout riche en émotions parfois proches des l'indicible. Lucilla Sebastiani n'a alors plus que la gestuelle et le regard pour s'adresser à l'absent.
La mise en scène d'Arnaud Beunaiche se concentre sur l'épure des gestes de son actrice, qu'il confronte à de longs déplacements latéraux entre un arbre, symbole de l'extérieur, et un tas de vêtements, symbole du passé.
Cette lente renaissance, finement décrite et poétiquement écrite par Fabrice Melquiot, est donc admirablement servie par une actrice, Lucilla Sebastiani, dont la présence illumine les clairs obscurs et la mise en scène rigoureuse d'Arnaud Beunaiche. |