Réalisé par Blandine Lenoir. France. Comédie. 1h25 (Sortie le 24 novembre 2014). Avec Olivier Broche, Laure Calamy, Jeanne Ferron, Nanou Garcia, Sarah Grappin, Florence Muller, Philippe Rebbot et Antoine Bechon.
Si vous ne raffolez pas des comédies bien-pensantes sur les handicapés, genre "Intouchables" ou "La Famille Belier"; "Zouzou" de Blandine Lenoir est pour vous.
Bien sûr, on est dans le cinéma français hors-sol, avec une grande maison familiale en pleine campagne qui ne laisse aucun doute sur les antécédents sociaux des uns et des autres. Mais ici, on n'est pas à la télé, et il n'y aura pas les Bernard Lecocq et les Guillaume de Tonquédec de service dans une auto-célébration du "comme c'est sympa d'appartenir à la bourgeoisie sympa".
Non, si "Zouzou" de Blandine Lenoir a des modèles, il faut les chercher du côté d'un cinéma français persistant mais qui, du fait de sa modestie, est souvent oublié. Un cinéma qui part des "Dernières vacances" de Roger Leenhardt en passant par "Beau Temps mais orageux en fin de journée" de Gérard Frot-Coutaz, et qui n'a pas pour ambition de refaire le monde mais de l'agrémenter d'un peu d'humanité et de fantaisie.
Film de femme - et de femme actrice -, "Zouzou" dresse un état foutraque de la condition féminine en donnant à de très bonnes actrices l'occasion de s'exprimer.
"Zouzou" est une plongée transversale sur la sexualité féminine qui part des premiers émois et évoque les derniers. De la petite "Zouzou" qui les éveille à sa jeune grand-mère qui les réveille, les sens sont à la fête.
Évidemment, Blandine Lenoir, qui avait réalisé "Monsieur l'abbé" - déjà une discussion sur le sexe -, n' a peut-être pas encore la distance du long métrage et son film connaît quelques moments moins forts, avec notamment un personnage pas très utile de "star d'une série télé" plus encombrant qu'amusant.
En plus comme ses personnages de femmes sont bien dessinées, les hommes laissent volontairement à désirer. Galerie d'ahuris avec à leur tête, Olivier Broche jouant le bien nommé Jean-Claude Rabette, les hommes, juste retour des choses, ne sont que des faire-valoir. Car, dans "Zouzou", les femmes font tout, même faire pipi debout, comme en fait la démonstration magistrale Laure Calamy.
Jouant Solange, mère des trois sœurs - pas forcément "tchékhoviennes" -, Jeanne Ferron fait passer beaucoup d'émotion dans son personnage pivot, à la croisée des chemins sexuels des unes et des autres. Florence Muller, Laure Calamy et Sarah Grappin forment une "soeurerie" efficace et l'on sait gré à Blandine Lenoir de les avoir choisies.
Certes, "Zouzou" de Blandine Lenoir est un film imparfait mais imparfait comme la vie et ses imperfections sont très prometteuses. |