Nicolas Jules, l'homme orchestre
Echevelé, déjanté, au cynisme mordant et à la dérision efficace, Nicolas Jules semble osciller entre une carrière de comique et une carrière de musicien… Dilemme difficile en effet puisque l'énergumène est touché des deux dons. Sa guitare est aux ordres de doigts surdoués.
Ligne de basse, rythmique, mélodie et accords tout semble pouvoir en sortir. Les textes sarcastiques, surréalistes, débridés sont portés par une voix chaude, basse et puissante, et à la prosodie scandée et pourtant ronde.
L'homme orchestre est en tournée, il faut le voir !
Fabien Martin, le printemps d'un poète ?
Indéniablement, le petit nouveau de la variété française plait. Avec son allure de dandy malhabile, ses mimiques grimaceuses et sa voix légère, Fabien Martin a trouvé son public.
Salle comble, ce soir encore frais du 7 mars au Café de la Danse. Pour une première date de tournée, la performance est à souligner. Pas de midinettes enfiévrées, le public est large, de 25 à la cinquantaine, et mixte de surcroît. Plus une place ni sur les marches, ni au pied de la scène.
Premiers rythmes, premières notes et la voix plaintive, un peu surannée, du trentenaire de se faire reprendre en chœur par la salle.
Les paroles d'une des deux chansons phare de son album "Ever Everest", "Même si", sont connues sur le bout des lèvres. Autre single, Automne Hiver, même effet. Les premières transitions sont quelque peu laborieuses, mais il faut bien un tour de chauffe.
Et puis il est bien difficile de concurrencer sur ce terrain sa première partie, l'inconnu encore et pourtant remarquable Nicolas Jules, dont on ne savait plus s'il faisait un one man show ou un concert.
Mais Fabien prend ses aises peu à peu. Il joue avec un public réceptif, facilitant la mise en voix. Quelques trouvailles de liaisons qui n'ont sans doute rien d'improvisées, suscitent le rire. On l'aime bien Fabien. Autour de lui, des musiciens impeccables, jouent des sets peaufinés. Contre bassiste (François Fuchs), guitariste surréquipé (Philippe Desbois) et claviériste-percussionniste-bruitiste (Alexandre Léauthaud), chacun ayant ses minutes de solo concédées par le maître de cérémonie, donnent corps et cœur à ce show réglé au métronome.
Un peu trop peut-être, un peu trop lisse, un peu trop propre, au risque de manquer un peu d'âme. Mais du beau travail.
Les mélodies, simples, aux accents souchiens et aux envolées goldmaniennes (en moins aigues), avec ce que ce côté désuet a de charme, sont belles et pleines. Pleines de textes ciselés qui, dans leurs habits plaisamment poétiques ("Infiniment songe", "L'instant volatil"), nous parlent de la douleur amoureuse sans se répandre ("La vie morose", troncage de "La vie en rose" de la môme Piaf), de petits complexes ("Ma femme est plus grande que moi"), ou encore de passeurs d'immigrés clandestins latinos ("L'Odyssée d'Olégario").
Et puis, comme le jeune chouchou des critiques se met en ce moment à la guitare, il faut bien le montrer à l'occasion du morceau inédit "Paris-Vincennes", qu'on peut s'attendre à voir apparaître sur son second opus en préparation.
Une ovation, deux rappels et quelques acharnées qui en réclamaient encore annoncent de beaux jours à cette tournée de printemps. Le printemps d'un nom, Fabien Martin, qui de banal peut devenir référence.
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