Monologue dramatique écrit par Ascanio Celestini et interprété par David Murgia dans une mise en scène de l'auteur.
Encore mal connu en France, Ascanio Celestini est un auteur aux multiples facettes. Romancier, dramaturge, parolier de chansons, auteur de sketches pour la télévision, acteur, metteur en scène de théâtre et de cinéma, Ascanio Celestini a un arc aux mille cordes.
Et, dans une époque explosive, cacophonique, il a une qualité extrêmement rare : il sait être brillant sans être bruyant.
Le "théâtre-récit", présenté au Théâtre du Rond-Point et intitulé "Discours à la nation", frappe d’emblée par le terrain qu’il s’est choisi : celui de l’humour "philosophique". Il ne s’agit pas de rire du monde en forçant le trait au risque de déclencher l’ire de ceux qui ne peuvent pas comprendre la satire.
Celestini évolue avec élégance et délicatesse dans un univers qu’il a su créer. On pense aux plus grands, et avant tout à l’immense Jonathan Swift (auteur des "Voyages de Gulliver"), à qui Celestini rend hommage dans un texte démarqué sur celui où Swift expliquait que la misère serait éradiquée en Irlande quand on y mangerait les bébés.
Dans sa version française, due à Patrick Bebi, "Discours à la nation" est interprété par David Murgia, accompagné à la guitare par Carmelo Prestigiacomo, auteur d’une musique électrique légère, chargée de ponctuer la succession de textes divers qui composent pourtant une œuvre cohérente.
David Murgia se déplace sur une scène où s’empilent des cageots, disséminés çà et là. Il les bouge parfois d’un air déterminé et selon une logique qui lui est propre. Il lui arrive aussi de monter dessus pour interpréter un texte.
C’est comme si tout le chaos du monde pouvait ainsi soudain être contrecarré pour prendre sens. Un sens parmi d’autres, mais un sens plus sympathique que les autres, simple, logique, sans outrance ni violence.
C’est donc à une bonne heure de réconfort qu’Ascanio Celestini convoque ses spectateurs. David Murgia et son guitariste empruntent un chemin qui, par la voie d’un rire salutaire, rappelle des vérités oubliées. Certains trouveront qu’il s’en tient à bien décrire la réalité et que tout ce qu’il envisage manque de radicalité ou fait preuve d’une radicalité mesurée.
Dans une époque où la déraison est peut-être la gentillesse, ce serait plutôt une grande preuve de lucidité. |