Comédie dramatique de Luigi Pirandello, mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota avec Hugues Quester, Alain Libolt, Valérie Dashwood, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl, Walter N’Guyen, Céline Carrère, Charles-Roger Bour, Olivier Le Borgne, Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Gérald Maillet, Pascal Vuillemot et Jauris Casanova.
Comme pour "Rhinocéros" re-présenté en 2012, Emmanuel Demarcy-Mota remet sur le métier une autre de ses mises en scène de jeunesse avec "Six personnages en quête d'auteur" du dramaturge italien Luigi Pirandello.
Cette pièce est devenue emblématique et novatrice non pour l'histoire de ses personnages, un mélodrame compassé au pathos larmoyant ressortissant au vérisme italien des années 1920, mais parce qu'elle transposait au théâtre, par le procédé de la mise en abîme, deux problématiques, celle des inter-relations et frontières entre le vrai, le réel, la vraisemblance et la fiction déjà explorée en matière littéraire, et celle de l'illusion théâtrale, de la construction à l'incarnation, de la représentation du personnage,
Ainsi, un metteur en scène (Alain Libolt), son assistant (Jauris Casanova), les acteurs (Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Charles-Roger Bour et Olivier Le Borgne) et le personnel technique (Gérard Maillet et Pascal Vuillemot) sont interrompus en pleine répétition par l'arrivée intempestive de six personnes qui s'imposent et refusent de partir.
Menées par le père (Hugues Quester athlète du verbe), ces apparitions d'un autre temps en quête de reconnaissance et d'immortalité dont le destin est scellé en un drame familial, la mère (Sarah Karbasnikoff), la belle fille (Valérie Dashwood remarquable), le fils aîné (Stéphane Krähenbühl), le cadet (belle composition de Walter N’Guyen) et la petite fille (en alternance Céleste Dumenil, Leelou Laridan et Annna Spycher), veulent voir leur vie portée à la scène.
Considérant cet opus comme un hommage à l'art théâtral, Emmanuel Demarcy-Mota s'appuie sur de solides connaissances en matière d'histoire du théâtre pour livrer une proposition qui s'illustre par son caractère spectaculaire et combinatoire mixant différents genres et registres tels, par exemple, le théâtre d'ombres et le théâtre de tréteaux.
Misant sur un dispositif scénique foisonnant avec la collaboration fidèle et émérite de Yves Collet pour la scénographie et le travail de lumières, il livre un spectacle qui porte sa marque de fabrique, en ce qu'elle s'appuie sur la maîtrise tant de la direction chorale que de la gestion de l'espace et du mouvement, qui concourent à la présentation de tableaux à effets esthétisants, à l'instar de celui retenu pour l'affiche, et d'atmosphères illustratives particulièrement évocatrices.
Bénéficiant d'une mise en scène au cordeau qui ne souffre aucune approximation et magistralement délivrée par les comédiens de la troupe du Théâtre, ceux précités avec en sus Céline Carrère dans le rôle de la proxénète, la partition déjà bien rodée en tournée porte haut la magie du théâtre dramatique. |